Messieurs, Mesdames, il est temps. Temps d’avoir peur, enfin, et pour de vrai. Ça fait déjà plus de trente ans que l’on tente de vous foutre les chocottes, un peu en vain. Au début, un peu doucement, sans trop vous brusquer. Le GIEC a quand même été créé en 1988 : ça fait un bail. Et même quelques baux. La vitesse supérieure a été passée avec le rapport de 2007. Là, normalement, vous avez joué des castagnettes, claqué des dents et des genoux. Le monde entier se réunissait pour vous annoncer que c’était notre dernière chance de ne pas sombrer collectivement. Heureusement, ces quatorze dernières années, nous avons eu d’autres dernières chances.
Il est temps de changer, donc. Puisque, bien sûr, c’est de votre faute. À vous et à vos voisins ; nous sommes tous coupables. Plus qu’un petit pas à faire. Le covidisme a ouvert la voie, comme devait le faire avant lui le réchauffisme. Mais l’apocalypse thermocarbonée promettant des lendemains qui déchantent pour dans un siècle, c’est moins mobilisateur, ou sidérant, que la peur intime du virus entrant dans vos entrailles ici et maintenant. Dans les deux cas, il faut l’aide de la caution scientifique, du relais médiatique et de la mobilisation politique.
Chacun à son poste a bien fait son travail. Les modélisateurs ont annoncé l’apocalypse, Ferguson pour le covid, Hansen pour le climat. Cela a fait plouf dans tous les cas, mais le plus important est l’empreinte laissée dans les esprits, chez les gens sensibles aux sornettes de la propagande. Les vieux routiers se souviennent d’Henri Sannier qui annonçait au 20 Heures d’Antenne 2 le 29 juin 1989 : « Si l’on en croit le directeur du bureau de l’environnement des Nations unies, à New York, plusieurs pays pourraient disparaître sous les flots d’ici dix ans si le réchauffement de la planète se confirme. » Le réchauffement s’est confirmé, et les atolls se portent bien. Aucun n’est sous l’eau, sauf pour ceux qui gobent les balivernes des JT leur montrant des pauvres s’installant sur des langues sableuses traditionnellement non occupées et qui subissent une surcote à cause de basses pressions lors d’une tempête tropicale, voire d’un cyclone, comme il y en a toujours eu dans ces régions.
Tremblez, donc. La presse, à l’unisson, car entre les mêmes mains, ou des mains semblables, et aussi parce qu’ils recopient tous la même dépêche de l’AFP, vous fait part des prédictions de madame Soleil. Enfin, le Soleil est censé n’être pour rien dans cette histoire. Le devin GIECien a vu dans sa boule de cristal une volute de fumée qui ne peut être que du CO2. Et c’est signe de catastrophes en nombre. Pour 2050. C’est quand même plus efficace que les annonces pour 2100, même s’il y a plus de risques d’être confronté au réel un jour ou l’autre. Mais à l’ère du covidisme, il faut jouer son va-tout. Et puis le réel s’appréhende dorénavant devant sa télé, alors…
Un énième rapport du GIEC, le sixième depuis 1990, année du premier, qui constate et prédit évidemment une accélération du dérèglement climatique, qu’aucun journal n’a pu consulter, encore en projet car ne devant sortir que dans un an, donc même pas encore validé officiellement, mais dont l’AFP a pu prendre connaissance pour nous en livrer des bribes alarmantes, nous annonce encore la même chose : ce sera pareil en pire, cela viendra plus vite qu’on ne le pensait, ce sera partout pire qu’ailleurs, etc. Probablement avec une certitude montant maintenant à 99 %. La routine. Et puis le GIEC nous a habitués à mettre la charrue avant les bœufs : un rapport n’avait-il pas été modifié en dernière minute sans l’accord de ses auteurs principaux pour qu’il ne s’inscrive pas en faux contre le résumé pour les décideurs, qui lui est fini avant le pavé dont il est censé rendre compte auprès de ceux qui n’ont ni le temps ni les compétences pour le lire ?!
Bref, la presse à l’unisson. Nous avons retenu l’ex-journal de référence, le journal vespéral qui sort… en début d’après-midi : Le Monde. Vous y trouverez la certitude d’un sombre avenir. Quoi qu’on fasse, ce sera la cata, mais autant que ça le soit pas trop quand même. Il faut rester mobilisé. Les points mis en exergue, sont des classiques. Outre les annonces sur les moins responsables qui seront les plus touchés, on trouve bien sûr les catastrophes propres aux refroidissements et non aux réchauffements, l’apocalypse promise actuellement étant très proche de celle qui était annoncée dans les années 1970, parfois par les mêmes : canicules, sécheresses, inondations, cyclones… Les migrations seront inéluctables. Et l’on comprend que l’accueil de la misère du monde sera un devoir moral, et un devoir de coupable.
La focalisation sur les pôles, qui se réchauffent plus vite que le reste de la planète, est de mise. Pas grand-chose d’alarmant, du déjà-vu, et à des rythmes semblables, contrairement à ce que disent ceux qui pensent avoir un argument pertinent à répéter. Et c’est normal, c’est toujours ainsi : un max de variation thermique aux hautes latitudes et presque rien aux plus basses. Les Inuits et les ours polaires ont connu des réchauffements plus importants, à chacun des optimums climatiques précédents durant l’Holocène. Et pour les ours blancs, lors du précédent interglaciaire, l’Éémien.
On a même droit à une petite sortie sur l’Amazonie poumon de la planète. Grands dieux, tant de bêtise… Non seulement le bilan en oxygène d’une forêt à l’équilibre est nul, mais l’analogie est quand même désastreuse : faut-il rappeler qu’un poumon rejette du CO2 ?!
Les récifs coralliens, ces merveilleuses images d’Épinal de la biodiversité marine, seraient menacés. On se souvient du coup de projecteur sur la Grande Barrière australienne, qui se mourrait il y a une dizaine d’années. Un blanchiment qui n’était pas sans précédent, localisé mais vite étendu plus ou moins implicitement à l’ensemble des récifs la composant, et qui n’est plus vraiment d’actualité. La résilience de ce vaste écosystème marin est grande. Et tout faire passer comme un signe du réchauffement (évidemment anthropique) contribue toujours un peu plus à abrutir les gens soumis au matraquage médiatique et pseudo-scientifique en les privant d’accès à la complexité du monde. Pas un mot sur le phénomène El Niño, qui réchauffe périodiquement mais à des intensités variables les eaux du Pacifique Ouest ; rien non plus sur l’étoile de mer acanthaster, grande dévoreuse de polypes, dont les populations connaissent des explosions démographiques responsables de vagues de blanchiment. Mais un bon réchauffiste retombera sur ces pattes en affirmant péremptoirement que ces multiplictions délétères sont dues au réchauffement, justement.
La parole est donnée à Nicholas Stern, connu dans le dossier climatique pour le rapport qu’il a réalisé en 2006 à la demande du gouvernement britannique de Tony Blair, très favorable au protocole de Kyoto. Cet économiste du sérail, membre de la chambre des Lords, enseignant à Oxford puis à la London School of Economics, ancien vice-président de la Banque mondiale, concluait, ô surprise !, qu’il fallait se jeter dans la bataille sans tarder et sans hésiter, sans quoi les coûts du réchauffement seraient encore plus importants. Il préconisait de consacrer annuellement à la lutte contre le réchauffement simplement 1 % du PIB mondial, soit la modique somme de 600 milliards de dollars, tous les ans. De toute façon moins que le coût qu’il avait d’abord estimé du réchauffement tel que prévu par le GIEC. Son rapport a été très controversé, vertement critiqué par ses collègues économistes, mais enfin c’est lui qui était sur les plateaux télé, ou ceux qui en disaient du bien…
Enfin, la question récurrente des points de bascule, qui ne repose sur rien de sérieux, à part des modèles ne faisant rien d’autres que dire ce pour quoi ils ont été programmés ; points de bascule qui sont là pour aider à tirer la sonnette d’alarme et justifier le barouf politico-médiatique sur la question climatique, qui n’est rien d’autre qu’un levier, comme le covid en est un aussi. Si ces tipping points, comme disent les anglophones et les francophones qui tentent de jargonner, avaient un pied dans la réalité, alors ils seraient survenus il y a déjà bien longtemps : notamment celui de la fonte des calottes glaciaires et de la banquise, alors que ces régions ont déjà connu des périodes plus chaudes, moins englacées et avec la disparition ou quasi-disparition des glaces de mer estivales. Que l’on sache, aucun engrenage infernal n’a eu lieu ; si tel avait été le cas, nous ne parlerions pas du léger réchauffement qui a eu lieu durant les années 1980-2000 et qui s’est considérablement tassé depuis.
Bon, normalement, monsieur ou madame Tout-Le-Monde, à la lecture de l’article qui suit, comprend que le problème est systémique. Ça veut dire qu’il fait partie du problème. Ça veut dire aussi qu’il peut faire partie de la solution. « "Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement", plaide le rapport. "Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation." » Des propos qui ne peuvent surprendre celui qui suit le dossier climatique de suffisamment près. Et qui ressemblent beaucoup à ce que l’on entend depuis un an et demi sur le fameux « monde d’après », le monde résultant des mesures prises pour contenir et faire reculer le méchant SARS-CoV-2, qui mute et rend la lutte permanente et infinie. Du reste, comme le réchauffement, puisqu’au final, rien n’y fait. Même la paralysie mondiale sous le joug covidique, durant l’assignation mondiale à résidence, n’est pas favorable à lutte contre le réchauffement.
C’est la nouvelle normalité, inaccessible au commun ! Laissez donc l’élite gérer des problèmes que vous comprendrez d’autant moins que vous tenterez d’y entendre quelque chose. Sauf à être affreusement complotiste, bien sûr…
Dérèglement climatique : l’humanité à l’aube de retombées cataclysmiques, alerte un projet de rapport du GIEC
Pénurie d’eau, exode, malnutrition, extinction d’espèces… La vie sur terre telle que nous la connaissons sera inéluctablement transformée par le dérèglement climatique quand les enfants nés en 2021 auront 30 ans, voire plus tôt, alerte un projet de rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’Organisation des Nations unies (ONU), dont le contenu a été dévoilé, mercredi 23 juin, par l’Agence France-Presse.
Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les impacts dévastateurs du réchauffement sur la nature et l’humanité qui en dépend vont s’accélérer, assurent des centaines de scientifiques rattachés au GIEC, et devenir douloureusement palpables bien avant 2050.
« La vie sur terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes, note le résumé technique de 137 pages. L’humanité ne le peut pas. »
Le projet de rapport rédigé par le GIEC oscille entre un ton apocalyptique et l’espoir offert aux hommes de changer leur destin par des mesures immédiates et drastiques. Le rapport d’évaluation complet (4 000 pages), bien plus alarmiste que le précédent de 2014, a pour vocation d’éclairer les décisions politiques. Même si ses principales conclusions ne changeront pas, il ne sera officiellement publié qu’en février 2022, après son approbation par consensus par les 195 États membres. Trop tard cependant pour les cruciales réunions internationales sur le climat et la biodiversité prévues à la fin de 2021, notent certains scientifiques.
Risque d’« impacts irréversibles » au-delà du seuil de 1,5 °C
Parmi ses conclusions les plus importantes figure un abaissement du seuil au-delà duquel le réchauffement peut être considéré comme acceptable. En signant l’accord de Paris en 2015, le monde s’est engagé à limiter le réchauffement à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, si possible à 1,5 °C. Désormais, le GIEC estime que dépasser le seuil de 1,5 °C de hausse des températures pourrait déjà entraîner, « progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles ». Et selon l’Organisation météorologique mondiale, la probabilité que ce seuil de 1,5 °C sur une année soit dépassé dès 2025 est déjà de 40 %.
« Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre », affirme le GIEC, alors que la prise de conscience sur la crise climatique n’a jamais été aussi étendue. Le climat a déjà changé. Tandis que la hausse des températures moyennes depuis le milieu du XIXe siècle atteint 1,1 °C, les effets sont déjà graves et seront de plus en plus violents, même si les émissions de CO2 sont freinées. Et les êtres vivants – humains ou non – les moins à blâmer pour ces émissions sont ceux qui en souffriront le plus. Pour certains animaux et variétés de plantes, il est peut-être même déjà trop tard : « Même à 1,5 °C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter », souligne le rapport, citant les récifs coralliens, dont un demi-milliard de personnes dépendent. Parmi les espèces en sursis figurent les animaux de l’Arctique, territoire qui se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne. Sur place, des modes de vie ancestraux, de peuples vivant en lien étroit avec la glace, pourraient aussi disparaître.
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