Incitation au téléchargement illégal
On a une envie irrépressible d’aller au cinéma ; vite, consultons un journal. Tiens, Le Figaro du mercredi 6 mars 2024, oh, ça tombe bien, c’est le jour de sortie des films de la semaine. Déjà, rien que la photo donne envie d’aller se réfugier dans une grotte, pardon, une salle obscure.
Le pitch de l’article donne lui envie de lire à fond :
L’école en Allemagne dans un film nommé aux Oscars, Raphaël Personnaz dans la peau de Maurice Ravel, une femme bipolaire interprétée par Agnès Jaoui... La sélection cinéma du Figaro.
Oh, il y a Jaoui ! On va suivre l’ordre du journal, qui commence par La Salle des profs. À chaque œuvre, on va vous mettre le résumé et la bande-annonce, comme ça vous pourrez pas dire que vous saviez pas.
Une série de vols dans un établissement scolaire bouleverse la vie des profs et des élèves. Carla Nowak, enseignante, mène l’enquête. Très vite, tout l’établissement est ébranlé par ses découvertes.
On n’a pas vu ce film, mulltiprimé, mais comme il est allemand, version post-1945, on peut sans trop de risques se hasarder à le spoiler ainsi : un enfant juif, superintelligent mais persécuté par ses Kameraden à cause d’un changement de sexe à venir, découvre un complot nazi dans un collège à problèmes sociaux et raciaux. Tous les élèves, blonds, sont contre lui, sauf Boumba le Noir qui mesure 1m97 et pèse une tonne. Il n’est pas très bon à l’école mais sa force lui permet de défendre Shlomo dans la cour de récré. À deux, ils sont la tête et les jambes, et déjouent le complot hitlérien qui menaçait l’école, et, par extension, la Grande Allemagne. On sort de la séance bouleversés. Au suivant.
Le suivant, c’est HLM Pussy, soit Habitation à loyer modéré par le vagin. Le résumé :
La relève est assurée. Près de dix ans plus tard, la Bande de filles de Céline Sciamma a trouvé ses dignes héritières. Il s’agit de Djeneba, Amina et Zineb, un sacré trio de copines de 15 ans, héroïnes de HLM Pussy, le premier long-métrage très réussi de Nora El Hourch. (...)
Ode à l’amitié et au féminisme, récit d’une émancipation, HLM Pussy est aussi joyeux que percutant, engagé que poignant. Une belle découverte cachée derrière un titre qui claque comme un cri de guerre salvateur.
On a triché, on a lu le gros paragraphe payant du Figaro, c’est une histoire de harcèlement racial : des mauvais garçons d’origine maghrébiste embêtent les filles.
On passe à La Vie de ma mère, un film sans Jamel mais avec Jaoui, qui a toutes ses mains. Vous connaissez le principe :
Pierre (William Lebghil) est fleuriste. Entre le marché de Rungis et la boutique, il a à peine le temps de tomber amoureux d’Alison Wheeler. Judith, sa mère, revient dans sa vie sans prévenir. Elle a les traits d’Agnès Jaoui. Dans son manteau rouge, elle apparaît d’abord fantasque, bavarde, excessive. L’intranquillité de Pierre suggère quelque chose de moins joyeux. Judith est bipolaire. Pierre veut la ramener dans sa clinique. Elle monte dans les tours, drague le premier motard venu, chante fort au karaoké.
Dedans on voit un Maghrébin qui insulte une forte maman juive et la tape presque, dans le cimetière, à notre avis, ça sent l’importation du conflit IP. Donc chaud. La suite c’est Boléro. Le résumé du canard de droite qui vend des avions aux rabzas n’est pas clair, alors on met ce copier-coller au hasard :
Boléro , biopic d’Anne Fontaine, avec Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos. 2 h.
Ça commence à être pénible, même pour nous. Voici le dernier : Comme un fils, avec Vincent Lindon. On a lu le pitch mais franchement, on ne l’a pas cru. On dirait qu’il a été écrit par nous pour déconner ! Déjà que Lindon est devenu l’acteur qui n’incarne que des pauvres types pleurnichards déconstruits, mais alors là, c’est un aller simple en navette spatiale pour le Wokistan :
Vincent Lindon est dans la peau de Jacques Romand, un professeur démissionnaire qui a perdu sa vocation et vit seul dans un pavillon, entouré de livres rares et des souvenirs de sa femme décédée. Un soir, dans une supérette, il est témoin d’une agression et bloque l’un des jeunes voleurs. Arrêté puis vite relâché par la police, ce dernier, qui n’a guère goûté à son intervention, se rend chez l’enseignant pour tout saccager. Jacques Romand ne va pas appeler la police mais tout faire pour aider Victor, ce jeune Rom de 14 ans au corps plein d’hématomes, déscolarisé.
Ça aurait été Bronson à la place de Lindon, il aurait flingué le délinquant juvénile direct et on n’aurait pas perdu notre temps, et notre argent. Le cinéma, on dirait que c’est devenu les actualités de 1940 avec la voix rayée de la propagande. Et après les autorités culturelles se demandent pourquoi les jeunes (et les pauvres) téléchargent ?
Il y a clairement un mauvais diable dans le cinéma français. Quand on est au cinéma, on n’est ni devant un rêve ni devant la réalité : on est des maternelles devant une prof frappadingue qui détruit la représentation naturelle des choses. On est devant le règne du faux, une pensée misérable, une pensée qui rabaisse. Exactement comme cette autrice pour enfants (!), Valérie Zenatti.
Le pitch
"alors à gaza on pourrait dire que le Hamas pourrait défendre sa population en les faisant descendre dans les tunnels voyez il y a un manque de souci de la population palestinienne"
"non il le pourrait pas"
"pour quelle raison ?"
"c'est trop petit" pic.twitter.com/BwsZzczbHl
— Ulyss (@achabus) March 4, 2024