À la date cruciale du 9 avril, l’État grec devra débourser 458 millions d’euros au FMI. Le 8 avril Alexis Tsipras rencontre Vladimir Poutine, hasard ou coïncidence ?
Coralie Delaume : Si la Grèce est tentée, faute d’alliés en Europe, de se tourner vers la Chine, elle doit l’être d’autant plus de jouer la carte russe. Car les liens entre les deux pays sont anciens, chose qu’a récemment rappelée Alexis Tsipras. Interrogé par la presse russe et faisant référence au nazisme, il a affirmé « qu’un rapprochement entre les deux pays (...) trouve ses racines dans les relations fraternelles que (les) deux peuples ont fondées, parce qu’ils ont mené un combat commun, à un moment critique de l’histoire ».
Donc les relations s’intensifient. Cette semaine par exemple, le ministre de l’énergie grec Panagiotis Lafazanis était à Moscou. Le but était de discuter avec les Russes de la question gazière, notamment du tracé du futur pipeline « Turkish stream ». On se souvient qu’entre autres âneries lourdes de conséquences, « les Européens » se sont crus malins en infligeant des sanctions à la Russie au sujet l’Ukraine. A titre de représailles, Poutine a annulé le projet de gazoduc South stream, puis s’est rapproché de la Turquie pour mettre en route un projet alternatif, Turkish stream. Nécessairement, ne serait-ce que pour des raisons géographiques, la Grèce sera de la partie.
Autre sujet de rapprochement possible : l’armement. Sur ce point et selon la presse grecque , le ministre de la Défense Panos Kammenos semble courir deux lièvres à la fois. Il discute avec les États-Unis et avec la Russie – où il devrait se rendre bientôt – toujours pour la même raison : trouver des partenaires substitutifs à ceux, défaillants, de l’Union européenne. En effet, alors que le nouveau gouvernement hellène est en train de rouvrir quelques vieux dossiers et que plusieurs scandales de corruption impliquant des entreprises allemandes en Grèce font surface, il semble logique qu’Athènes cherche à diversifier quelque peu ses fournisseurs...
Les raisons d’un rapprochement Grèce-Russie sont donc nombreuses, et résultent directement de la manière inamicale dont « les Européens » traitent chacun de ces deux pays.