« Arabie Saoudite, Iran, Turquie, sans oublier Daech, ça fait beaucoup de califes, ça fait beaucoup de guerres, ça fait beaucoup d’argent distribué par tous pour répandre la vraie religion, et la religion la plus pure, dans le monde entier, jusque chez nous. Ça fait beaucoup de radicalisation, comme nos esprits pudiques aiment à le dire. Ça fait beaucoup de mosquées, d’écoles coraniques et de djihad. Ça fait et ça fera encore beaucoup de morts au nom d’Allah. »
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Zemmour est fidèle au zemmourisme. Commentant sur RTL ce jeudi 8 juin 2017 les effets dévastateurs de la visite éclair de Donald Trump au Moyen-Orient, l’idéologue de la matinale de la première radio de France (ça c’est pour ceux qui voient en lui un dissident) a enfoncé tous les clous possibles dans l’unité du monde arabe. Une désagrégation du monde arabe que Zemmour impute au... monde arabe. Tout en reconnaissant la responsabilité du jeu américain dans le clash tout chaud entre Saoudiens et Qataris.
« Depuis des années le monde arabe ne cesse de se désagréger. Soudan, Irak, Syrie, Libye, Yémen, interventions extérieures, guerres civiles, révolutions : la balkanisation du monde arabe fait de plus en plus ressembler chaque État à une tribu avec un drapeau. Comme si le concept même d’Etat-nation selon le modèle européen n’arrivait pas à y prendre racine. Comme si les sociétés musulmanes ne pouvaient s’unifier qu’autour de la religion, chassant les derniers chrétiens qui y vivent. Comme si le monde musulman gardait une nostalgie irrésistible pour la forme impériale du califat. »
Comme si Américains et israéliens n’étaient pour rien dans cette balkanisation, dont le modèle a été décrit précidément par le plan Oded Yinon. La déstabilisation n’existe pas, les mercenaires étrangers financés par les Saoudiens, armés par les Anglais, entraînés par les Américains, soignés par les Israéliens, et reposés en Jordanie, tout cela n’existe pas. On dirait du Gilles Kepel avec son complot islamiste mondial. Tout ça pour faire – après quelles contorsions conceptuelles – de l’Iran à nouveau le Grand Satan. Car le Qatar, tout le monde s’en fout.
« Quand l’Arabie saoudite rassemble tous les pays du Golfe pour l’isoler, le petit confetti qatari tremble sur ses bases, surtout quand l’ogre saoudien vient de se réconcilier avec son parrain américain. Obama avait pris ses distances avec l’Arabie saoudite et s’était rapproché de l’Iran, Trump lui, est revenu à la maison saoudienne mais il a imposé son “deal“, comme il aime à le dire : la mise hors-jeu des terroristes. Le Qatar est le premier à payer le deal de Trump. Le Qatar qui aide depuis toujours les Frères musulmans et a eu des tendresses pour Daech. Le Qatar qui a des accointances coupables avec l’Iran, l’ennemi héréditaire de l’Arabie saoudite et qui est redevenu celui des Américains. »
Oui mais quid du soutien de l’Arabie saoudite aux bandes terroristes qui ravagent la Syrie et l’Irak avec la bénédiction du grand frère américain ? Un oubli de taille dans le tableau de la géopolitique moyen-orientale. Ce qui compte, c’est bien d’amalgamer le Qatar à l’Iran, et de placer le grand pays islamique en tête de l’axe du Mal, pour paraphraser la marionnette Bush Jr.
« Le Qatar n’est pas démuni. Il a avec lui, derrière lui, l’Iran. L’arc chiite qui passe par Téhéran, Bagdad, Damas, Beyrouth est puissant et fait peur à Riyad. De plus, la Russie est l’alliée de tout ce beau monde et la Turquie s’en rapproche. »
Selon Zemmour, il y aurait donc un axe terroriste Iran-Qatar. Mais alors, que dire des deux attentats revendiqués par « Daech » en Iran dernièrement ?
Il y a trois ans, en septembre 2014, Zemmour estimait que « Daech applique à la lettre l’islam » et que l’Arabie, aux côtés du Qatar et de la Turquie, soutenait Daech :