Animal politique par excellence, le président règne sur la Turquie depuis treize ans. A 62 ans, Recep Tayyip Erdogan a apparemment une nouvelle fois su, ce samedi, conserver son poste
Aussi adulé que détesté, il règne depuis treize ans sans partage sur la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a apparemment confirmé samedi qu’il restait le seul maître du pays en échappant à une spectaculaire tentative de putsch menée par des miltaires rebelles.
Pas de super-présidence
Son rêve d’instaurer une « super-présidence » s’était brisé le 7 juin 2015 au soir des législatives, lorsque son parti a perdu la majorité absolue qu’il détenait au parlement. Certains avaient alors prédit le début de sa fin.
Qu’importe. Malgré cette claque électorale, celui que ses rivaux brocardent parfois comme un nouveau « sultan » est reparti au combat.
Animal politique par excellence, il a réussi par une série de manoeuvres à rappeler les Turcs aux urnes pour un nouveau scrutin, le quatrième en deux ans.
Et le 1er novembre, il prenait une éclatante revanche avec la victoire haut la main de son Parti de la justice et du développement (AKP) qui a retrouvé sa majorité absolue.
Le plus charismatique depuis Atatürk
À 62 ans, M. Erdogan a apparemment une nouvelle fois su samedi conserver son poste et rester le chef politique le plus charismatique de son pays depuis Mustafa Kemal Atatürk, l’emblématique père de la République laïque.
C’est par un simple appel lors d’un entretien à une chaîne de télévision tard vendredi qu’il a réussi à faire descendre des milliers de ses partisants dans les rues d’Ankara et d’Istanbul, centres névralgique du putsch raté, leur demandant de « résister ».
L’homme du miracle économique
Arrivé à la tête du gouvernement en 2003 sur les ruines d’une grave crise financière, Recep Tayyip Erdogan est loué par ses partisans comme l’homme du miracle économique et des réformes qui ont libéré la majorité religieuse et conservatrice du pays du joug de l’élite laïque et des interventions politiques de l’armée.
Dérive autocratique
Mais depuis trois ans, il est aussi devenu la figure la plus critiquée de Turquie, dénoncé pour sa dérive autocratique et islamiste.
Sa hantise des réseaux sociaux et de la presse indépendante renforce l’inquiétude de ceux qui, comme le chef de l’opposition Kemal Kiliçdaroglu, l’accusent de vouloir « rétablir le sultanat ».
Luxueux, gigantesque et extravagant, le palais de 500 millions d’euros dans lequel il a emménagé il y a deux ans est devenu le symbole de sa « folie des grandeurs ».