Je trouve le témoignage de ce volontaire posé et lucide, et les critiques ou sarcasmes assez mal venus, en l’occurrence.
Cela va de soi que ces jeunes gens se sont engagés pour défendre une cause, enfin ! Si on ne l’a pas saisi, on l’apprend quand il dit haïr les agresseurs du Donbass, les vrais responsables, pas les jeunes Ukrainiens enrôlés de force et pour lesquels il éprouve la sympathie du combattant de l’autre bord, ce qui est tout à son honneur.
Le phénomène du partisan n’est pas nouveau mais on feint d’ignorer que les motivations sont rarement strictement idéologiques, sur le plan individuel. Partir se battre pour une cause étrangère suppose aussi généralement, à travers cette démarche, une quête personnelle qui sort de l’ordinaire. Au contraire de celui qui n’a juste pas le choix de se battre.
Que cet homme avoue qu’il soit parti par goût de l’aventure et pour faire l’expérience de la guerre ne le déshonore pas. C’est bien humain et plus sain que celui qui aurait simplement répondu à l’appel d’une propagande de guerre. Même un "vieux de la vieille" aurait tort de le blâmer au prétexte qu’il connaîtrait l’horreur de celle-ci. Ce n’est pas parce qu’il en aurait fait l’expérience cruelle que ça lui donne le droit de condamner le jeune qui veut se forger la sienne.
Souvent d’ailleurs, certains de ceux marqués par la guerre ont cru pouvoir tirer de leur expérience propre une fausse généralité à portée méta-historique - le fameux "plus-jamais-ça", sans bien savoir ce qu’il y avait derrière le ça. Ils se sont transformés en pacifistes forcenés, "faisant la guerre à la guerre". Or, outre le fait que tant qu’il y aura des hommes sur terre il y aura des guerres, celle-ci est parfois nécessaire ou inévitable, ne serait-ce qu’en réponse à une agression. Incapables de voir cette réalité, ils ne se sont pas avisés que leurs idéaux pacifistes avaient été entre-temps détournés... pour justifier d’autres guerres bien plus sournoises et sans honneur.
Aussi ai-je trouvé particulièrement sage que ce jeune homme, après un constat lucide voire désabusé sur les forces profondes en présence, garde de cette expérience ce qu’elle a pu lui apporter en termes d’édification personnelle. Cela mérite le respect. Du moins, en cas de guerre, saura-t-il, mieux que d’autres qui devisent ou ricanent, comment agir. Et si la France y est un jour réellement confrontée, sur son sol (sait-on jamais ?), j’espère qu’il y aura assez de gars comme lui et son ami pour la défendre.
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