Sur son site Internet, Bernamej s’amuse à se définir de la manière suivante : « Artisan quenellier ; glisseur de petites à moyennes quenelles, souples mais bien enfoncées [1]. » Il est notamment l’auteur du film d’animation SOS Quenelle, qui détourne des propos, tenus le plus souvent par des politiciens français, pour transformer le tout en produit satirique. Rencontre avec ce personnage haut en couleur qui dessine en noir et blanc.
Bernamej, racontez-nous le parcours qui vous a amené à divertir le monde de la dissidence ?
Un ancien camarade d’école, à qui j’ai demandé en vain de me prêter sa voix pour mes vidéos, m’a récemment rappelé que j’avais fait un recueil de caricatures « antisémites », déjà en 3ème ! J’avais complètement oublié cette histoire ! Je ne me suis pas encore découvert l’envie d’envahir la Pologne (j’attends d’en avoir les moyens), mais je pense me faire pousser la moustache. Mon psychiatre, Laurent Costes, a encore du pain sur la planche. Plus sérieusement, ce dont je rêve depuis toujours, c’est d’animer des dessins pour faire des films.
Dans mon milieu de progressistes émasculés, je ne voyais d’autre porte de sortie de la pathologie mentale, que de m’adresser aux gens avec qui je partage, grosso modo, les mêmes goûts et dégoûts.
L’éruption de Soral, et la coulée de résistance qui s’est formée autour de lui, devait logiquement engendrer un travail de synthèse par d’autres moyens que la dialectique ou la scène. J’apporte donc, comme tant d’autres, une très modeste pierre à l’édifice de l’insoumission des goyim ; ce qui sauve minimalement ma dignité d’esclave, ou flatte mon orgueil, au cas où vous ne vous seriez pas remis des Maximes de La Rochefoucauld.
Votre travail artistique démontre que le politiquement correct est une notion qui vous est étrangère. Vous semblez vous imposer peu, voire pas de limites du tout. Que vous inspirent ces propos de l’essayiste Gilad Atzmon ? : « La répression des sentiments antijuifs par les moyens du politiquement correct a mené d’une part à l’impunité juive et d’autre part à un ressentiment violent et explosif à l’encontre des juifs. L’opposition naturelle à l’égard de la politique juive et des attitudes suprémacistes n’aurait jamais dû être étouffée. L’opposition doit être adressée de manière ouverte afin que les juifs et leur État comprennent que leurs libertés ne sont pas sans limites [2]. »
D’abord, permettez-moi de vous féliciter pour vos entretiens avec Gilad Atzmon, qui nous permettent de le suivre en français.
Même si Gilad Atzmon peut être récupéré par la communauté juive organisée : « Regardez, nous les juifs, nous sommes aussi le peuple qui pense contre lui-même », objectivement, c’est un très grand homme. Sa pensée a percé à travers tous les déterminismes qui devaient le mener droit en enfer. L’idée que le politiquement correct est l’arme absolue de nos maîtres est superbement exposée dans ses écrits et conférences. Sur le plan économique, l’antisémitisme consiste à protéger les frontières et contrôler la monnaie ; sur le plan culturel, l’antisémitisme, auquel je participerais (selon la terminologie officielle), consiste à faire sauter les barrières du politiquement correct ; ce qui revient en fin de compte à protéger l’ordre naturel du monde.
Alain Soral juge que certains de ses détracteurs, comme BHL ou Haziza, ressemblent de plus en plus à des caricatures, à des personnages grotesques de films comiques [3]. Tout cela ne facilite-t-il pas en réalité votre travail ?
Bonne remarque. Dans une de mes toutes premières vidéos, j’ai cité Soral : « On est dans une période de caricature, qui légitime que lorsqu’on est réaliste, on doit être caricatural [4] » ; c’est précisément cet extrait de la vidéo qui sert d’image emblématique à Bernamej. Vous avez donc visé juste. Dans le premier SOS Quenelle, on entend parler de Femen qui « s’enculent avec la croix du Christ », quelques mois plus tard, on les voit dans cette posture, plus vraie que nature [5].
Dans la vidéo qui précède (Quenelle Fatale), il s’agit d’une mobilisation nationale dirigée par Valls pour combattre la quenelle ; quelques mois plus tard le scandale de la quenelle éclate. Un jour on regardera en arrière, et on aura peine à s’imaginer un gouvernement faire la chasse aux quenelles. Les cours d’histoires deviendront comédie. Et s’il vous plaît, ne parlons pas de chambres à gaz, on risquerait de s’étouffer ! En fin de compte, en tant que caricaturiste, mon plus grand rival, c’est le réel. Mais vous avez raison, pourquoi se compliquer la vie. L’objet, à peine travaillé, est exposé dans un contexte de communication artistique, et ça marche. Je pense même qu’il manquait BHL à Marcel Duchamp, pour aller jusqu’au bout de son œuvre ; c’était l’époque glorieuse de l’urinoir et du bidet, BHL n’existait pas encore. BHL, Haziza, Jakubowicz. Il y a des cas où le ridicule non seulement ne tue pas, mais rend immortel. C’est une des caractéristiques de l’élite du peuple élu : il se porte souvent candidat à siéger au Conthéon national, malgré tout ce que l’on peut dispenser d’éloges pour l’éternel génie de ce peuple.
Quelles sont vos références passées ou présentes en matière d’humour ?
Mes références passées sont assez banales et sans passion particulière pour l’humour en tant que spécialité. Dans l’humour populaire, comme tout le monde, j’ai aimé Louis de Funès , Pierre Richard (beaucoup moins Thierry Lhermitte), San Antonio, Reiser, les Inconnus, Luchini, Poelvoorde à une certaine époque, etc. Aujourd’hui, à part Dieudonné, les spécialistes (reconnus par le système) de l’humour sont à vomir : sentimentalisme, fausse subversion, démagogie, américanisation, boboïsation et soumission ont eu raison de l’humour.
Pourquoi avoir choisi le noir et le blanc pour vos films ?
Mon style n’est absolument pas moderne, mes animations nous ramènent cent ans en arrière du point de vue technique ; le noir et blanc s’y colle bien je trouve. Aussi, je suis les pas de mon grand mentor Spielberg qui a voulu faire « réaliste » avec sa Liste de Schindler en noir et blanc. Un jour on dira peut-être : « Spielberg » et « Bernamej » dans la même phrase !
Racontez-nous un peu votre rencontre avec Jean-Marie Le Pen. Comment juge-t-il votre travail de caricaturiste ?
Comme dirait l’auteur-compositeur Morsay :« Grosse dédicace à mon poto Jean-Ma ! » À vrai dire, ma rencontre avec le Menhir est tout à fait anecdotique. La charmante femme de Jean-Marie Le Pen était présente au bal des quenelles ; j’ai suivi mon instinct et me suis présenté à elle. Très vite, grâce à l’enthousiasme et l’énergie de Madame Le Pen, un petit cercle s’est formé autour d’elle, avec des camarades d’E&R, et nous fûmes conviés à une très courte rencontre avec le valeureux Président d’honneur du FN. Finalement, la fameuse rencontre s’est étalée en longue causerie d’une liberté de ton impressionnante, avec un monsieur Le Pen à la hauteur de nos attentes. C’était peu de temps après l’affaire de la « fournée », ce qui nous a permis de confirmer qu’après quarante ans d’irrévérence, le fondateur du FN n’a nullement l’intention de rallier la bien-pensance.
Pour ce qui est de mon travail, Monsieur Le Pen ne le connaissait évidemment pas, mais ne cachait pas son amusement et sa curiosité de ce qui pouvait ainsi mériter une Quenelle d’or.
La simplicité avec laquelle ces rencontres ce sont déroulées, la véritable noblesse de caractère des Le Pen, du début à la fin, telles furent pour moi, le véritable couronnement de la cérémonie quenellière.
Pouvez-vous enfin nous donner un petit avant-goût du film SOS Quenelle 3 ?
Au début j’avais pensé à du Marlon Branleux contre l’islam. Cette phrase est d’une bêtise si représentative de nos médias que je ne peux éviter le sujet. Cela dit, comme toujours, je commence par une idée, et dévie dans une direction totalement différente. Quand on fait de l’humour deuxième degré, on est jamais loin du troisième… Reich ! C’est le destin de toute Haine que de finir auprès du Führer ; que voulez-vous, on ne se refait pas !