Il y a quelques semaines, Zone Militaire s’était interrogé sur l’avenir des interprètes afghans ayant oeuvré aux côtés des forces françaises déployées en Afghanistan alors ces dernières devaient mettre un terme à leur mission de combat avant la fin de cette année.
Certains pays, comme par exemple le Canada, avaient pris des mesures pour les Afghans ayant travaillé auprès de leurs troupes engagés au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).
Dans certaines régions afghanes où l’influence de l’insurrection reste importante, leur vie est susceptible d’être menacée. Et quand ce n’est pas la leur, c’est celle de leurs proches. Et même si, officiellement, l’idée d’un retour au pouvoir des taliban est exclue par l’Otan, il n’empêche que c’est une éventualité qu’il ne faut toutefois pas écarter.
Qui plus est, ces traducteurs afghans ont partagé parfois les mêmes risques que les militaires qu’ils étaient censés aider. Ainsi, en juin dernier, deux d’entre eux furent tués dans un attentat suicide avec quatre militaires français qu’ils accompagnaient dans le secteur de Tagab.
En décembre, le général Olivier de Bavinchove avait donné quelques précisions. Les dossiers des personnels afghans ayant travaillé pour les forces françaises firent l’objet d’un examen à Kaboul, en relation avec l’ambassadeur de France en Afghanistan, Bernard Bajolet.
“Nous avons passé des heures pour regarder effectivement dans quelles conditions ils avaient été engagés à nos côtés, quelles étaient leurs capacités d’intégration”, avait expliqué l’officier. Ensuite, chaque cas a fait l’objet d’un arbitrage inter-ministériel, impliquant les ministères de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Intérieur.
Environ 600 dossiers de ces “personnels civils à recrutement local” (PCRL), dont 120 pour les seuls traducteurs, ont ainsi été examinés. Plusieurs solutions ont alors été proposées.
Dans le cas de ceux dont le dossier n’a pas été jugé suffisamment “solide”, il a été prévu de leur verser de licenciement d’un montant 18 fois supérieur à leur salaire. Une autre option consiste à proposer un déménagement dans une région afghane plus tranquille avec le paiement d’une prime de 1 000 euros. Par ailleurs, certains PCRL ont demandé à rejoindre leur famille établie dans un autre pays. Là, les autorités françaises font le nécessaire pour leur faciliter l’obtention des visas nécessaires.
Enfin, il y a ceux qui ont été autorisés à venir s’installer en France. Initialement, ils auraient dû être 87, dont 32 traducteurs. Mais, nous apprend le quotidien Le Monde, le président Hollande a doublé le nombre d’Afghans susceptibles de venir sur le territoire français, et cela, “contre l’avis de son gouvernement.” A priori, le chef de l’Etat aurait été convaincu par Bernard Bajolet d’augmenter le nombre de visas à délivrer.
Ainsi, selon le journal du soir, “entre 160 et 170 Afghans et leurs familles, dont 60 à 70 interprètes ayant travaillé avec les troupes françaises, depuis 2008, en Afghanistan, seront autorisés à venir” en France dès janvier prochain.
L’Etat prendra à sa charge les frais de voyage de l’ensemble des familles, lesquelles bénéficieront à leur arrivée d’un contrat d’accueil et d’intégration, comprenant, précise Le Monde, un logement, l’accès à l’emploi et une couverture sociale.”