En réaction, c’est un nouveau format d’entretien qui fait réagir mon intervenant aux citations que je lui propose. Réaction inconditionnellement libre !
Monsieur Vernochet, c’est toujours un plaisir d’échanger avec vous. Merci de vous essayer à ce nouveau format. Andiamo !
« Les collaborateurs de l’ennemi se sont emparés de vos cervelles d’oiseau. Ne les écoutez plus. Apprenez à les reconnaître et à les chasser de vous-mêmes, si vous en possédez encore la force. Le monstre est là, échoué sur nos côtes mais bien vivant. On vous adjure, et tout à l’heure encore le pape d’une chrétienté malade, d’ouvrir largement vos portes. Moi, je vous dis, je vous supplie, fermez-les, fermez-les vite, s’il en est encore temps ! Soyez durs, insensibles, faites taire votre cœur mou (…). »
Jean Raspail, Le Camp des saints (1973)
Jean-Michel Vernochet :
Je retiens qu’un christianisme dévoyé nous a désarmé. Le Christ ne nous a jamais demandé de nous suicider et la charité bien ordonnée commence par soi et les siens que notre Devoir premier, le plus absolu, nous ordonne de protéger.
Baste des pleurnicheries et des émotions de midinettes, les naufragés d’aujourd’hui sont des naufragés volontaires qui ne peuvent totalement ignorer les risques qu’ils s’apprêtent à courir… et ce pour des montants payés aux passeurs – plusieurs milliers d’euros – dont peu d’entre nous, gens de souche, disposons.
On peut prendre en pitié par exemple les drogués, mais jamais les ériger au statut de « sel de la terre », d’abord parce qu’ils sont réputés être libres, c’est-à-dire responsables de leurs actes, or chacun doit être mis face à la responsabilité de ses actes et à leurs conséquences. Idem pour les réfugiés d’hier devenus par la grâce du Saint Esprit des migrants puis maintenant des « exilés ».
Ceux qui nous envahissent par voie maritime nous font la guerre, une guerre de colonisation sous couvert de « détresse » plus supposée que réelle (la décolonisation française date de 1962 !), l’humanitarisme n’a pas sa place ici. Et le ventre toujours fécond des femmes africaines doit se tarir.
Reste que le « bon peuple » est tenu par les sentiments, ses bons sentiments, c’est regrettable car ils nous conduisent à l’abîme et déjà aux portes de l’enfer au quotidien.
Une situation qui remet en cause l’idolâtrie dont la démocratie fait l’objet parce que si nous attendons un sursaut de l’opinion celui-ci a toutes chances de ne jamais arriver !!
Deuxième citation :
« Parmi les choses que les gens n’ont pas envie d’entendre, qu’ils ne veulent pas voir alors même qu’elles s’étalent sous leurs yeux, il y a celles-ci : que tous ces perfectionnements techniques, qui leur ont si bien simplifié la vie qu’il n’y reste presque plus rien de vivant, agencent quelque chose qui n’est déjà plus une civilisation ; que la barbarie jaillit comme de source de cette vie simplifiée, mécanisée, sans esprit ; et que parmi tous les résultats terrifiants de cette expérience de déshumanisation à laquelle ils se sont prêtés de si bon gré, le plus terrifiant est encore leur progéniture, parce que c’est celui qui en somme ratifie tous les autres. C’est pourquoi, quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : "Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?", il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : "À quels enfants allons-nous laisser le monde ?" »
Jaime Semprun, L’abîme se repeuple (1997)
Semprun, si ma mémoire n’est pas trop infidèle, était espagnol, communiste et l’auteur du roman intitulé La Deuxième Mort de Ramon Mercader… l’homme au piolet assassin qui supprima à Mexico le monstre Trotsky ! La chute de cet extrait de L’abîme se repeuple est d’une profondeur inusité car la question « À quels enfants allons-nous laisser ce monde ? » me paraît d’une terriblement cruelle actualité. D’abord parce que notre progéniture nous ressemble de moins en moins, et ce, jusqu’à nous devenir trop souvent presque étrangère !
Affreusement autocentrés, perdus dans les labyrinthes virtuels du métavers, intoxiqués par les jeux vidéos et les réseaux sociaux, combien de nos jeunes gens parviendront-ils à passer à travers les mailles serrées des filets thalassiques auxquels rien n’échappe de vivant ? Nouvelles générations autocentrées mais pas seulement, auto-générées devrait-on dire. Le fil de l’héritage, de la transmission étant apparemment rompu, force est de constater que nous parlons de moins en moins la même langue. Nos horizons comme nos pensées sont distincts et leurs couleurs sont autres… Est-ce parce que nous aurions fait notre temps que nous devrions ainsi être condamnés à nous taire pour toujours ?
Il est vrai que face aux machines nous ne faisons pas le poids. Il s’épuise vite le souffle du cétacé poursuivit par le navire baleinier au cœur d’acier et aux machines ardentes. Peut-être nous trouvons-nous avec l’intelligence artificielle confrontés à un pareil mortel défi. La machine ne connaît pas la fatigue, elle est plus vive, rapide et notre goût pour le moindre effort voire l’emprise insidieuse de la paresse pourraient bien un jour l’emporter. Nombre de parents ont déjà abdiqué face à leurs enfants… Quant à moi je n’ai jamais renoncé au plaisir de faire une mayonnaise à la cuillère de bois parce que les robots domestiques ne doivent pas chasser le plaisir de faire soi-même la cuisine avec les gestes d’antan.
Troisième citation :
« Celui qui dira que nous sommes condamnés et que c’est pourquoi nous devons combattre jusqu’au bout (comme disent les Russes, tant qu’à mourir, il faut le faire en musique), celui-là ne sera pas un pessimiste. Ce sera un optimiste historique. L’optimisme historique signifie qu’on sait la vérité, si cruelle qu’elle soit, et qu’on est déterminé à se battre, quoi qu’il en coûte. L’optimisme historique ne compte sur rien ni personne, sauf sur soi-même et sur la bagarre. »
Alexandre Zinoviev, Nous et l’Occident (1981)
« L’optimisme historique ne compte sur rien ni personne, sauf sur soi-même et sur la bagarre. » C’est une sorte de remontée de la pensée d’Épictète. Nous ne devons rien attendre avec certitude de la part d’autrui, pas même de nous-même. Pour moi il ne s’agit pas d’« optimisme », mais d’un réalisme teinté de désenchantement. Le fruit de l’expérience amère des tribulations de la vie et de l’humain, trop humain jusqu’en ses impérissables faiblesses. De ce point de vue je me suis toujours voulu « pessimiste actif ». Quand l’on attend peu, chaque gain, aussi petit soit-il, constitue une revanche et un succès !
Dernière citation :
« Ces catéchumènes de l’Humanité nouvelle ont leurs usages qui sont sacrés. Ils ne travaillent point la terre, ils ne produisent rien, ils répugnent à l’esclavage. Ils ne se mêlent pas aux hommes du trottoir roulant, ils les comptent et les dirigent vers les tâches qui leur sont assignées. Ils ne font point la guerre, mais ils aiment à s’établir dans des boutiques brillantes de lumière où ils vendent le soir très cher à l’homme du trottoir roulant ce qu’il a fabriqué et qu’ils lui ont acheté très bon marché.
Nul n’a le droit de les appeler marchands d’esclaves et pourtant les peuples au milieu desquels ils se sont établis ne travaillent que pour eux. Ils forment un ordre. C’est ce qu’ils ont de commun avec nos anciennes chevaleries. Et n’est-il pas juste qu’ils soient distingués des autres hommes, puisqu’ils sont les plus sensibles à la voix de la conscience universelle et nous fournissent le modèle sur lequel nous devons nous conformer ? Ils ont aussi leurs grands-prêtres dans des capitales lointaines.
Ils vénèrent en eux les représentants de ces familles illustres qui se sont fait connaître en gagnant beaucoup d’argent et en distribuant beaucoup de publicité. Et ils se réjouissent de lire sur les armoiries de ces héros le chiffre de leurs dividendes. Mais ces puissants ont de grands soucis. Ils méditent sur la carte du monde et décident que tel pays produira désormais des oranges, et tel autre des canons. Penchés sur des graphiques, ils canalisent les millions d’esclaves du trottoir roulant et ils fixent dans leur sagesse le nombre de chemises qu’il leur sera permis de s’acheter dans l’année et le chiffre des calories qui leur seront attribuées pour vivre. (…)
Ils sont les machinistes de l’univers. Qui se révolte contre eux parle contre les dieux. Ils distribuent et décident. Et leurs serviteurs, placés aux carrefours reçoivent leurs ordres avec reconnaissance, et ils indiquent sa direction à l’homme du trottoir roulant. Ainsi fonctionne le monde sans frontières, le monde où tout le monde est chez soi, et qu’ils ont appelé la terre promise. »
Maurice Bardèche, Nuremberg ou la terre promise (1948)
Impressionnant, Maurice Bardèche aura donc fait en 1954 un court passage derrière les barreaux pour avoir écrit ces lignes et quelques autres tout aussi criantes de vérité indésirable… Car ce faisant, Bardèche avait mis cruellement le doigt sur la plaie. Avez-vous repéré que ce texte semble être un écho anticipé des récents phantasmes de Klaus Schwab, le fondateur du Forum économique mondial qui rêve de nous réinitialiser en nous déchargeant du fardeau de la propriété ? Une actualisation du projet communiste pour tous de Lénine imposé à la Russie martyre à la force des baïonnettes et du goulag à gogo. Toujours les mêmes phantasmes, la même utopie messianique, et n’oublions surtout pas que l’utopie en marche n’est pas du tout rigolote, elle est par essence meurtrière. Le mondialiste Lénine en 1919 voulait effectuer la jonction avec le prolétariat allemand alors en pleine effervescence, pour cela il envahit la Pologne et l’Armée rouge s’y fit casser les dents. De nos jours les Schwab, les Attali, les Minc, les Macron continuent de rêver éveillés à une universalité fluide et à une gouvernance sans frontière.
Tout ayant un prix, imaginez ce que nous coûtera de peines et de misères le mirifique miroir aux alouettes que font tournoyer devant nos yeux les young global leaders. L’on commence à en voir les premiers effets : inflation, climat anxiogène, gouvernement par la peur, peur climatique, peur panique des virus tombés du ciel, effondrement intellectuel, culturel et moral de la société, un tueur est désormais posté à chaque coin de rue prêt à suriner, la racaille impose de facto un quasi couvre-feu, et cætera !
« Ils sont les machinistes de l’univers. Qui se révolte contre eux parle contre les dieux »… Bardèche ne croyait pas si bien dire, le petit maître à penser de Klaus Schwab, Yuval Noah Harari n’a-t-il pas commis un opuscule titré Homo Deus. Ce cuistre s’imagine en effet que nous serons bientôt, après le mariage de l’homme et de la machine, comme des dieux ? Difficile d’être plus prétentieusement mégalomaniaque.
Bref, ces gens se prennent pour des petits démiurges appartenant à une caste sacerdotale ayant pour mission de « réparer le monde » – tikkoun olam – alors que leur seul génie est celui de la destruction, de la trahison et du mensonge. Lénine promit « la Paix et la Terre » mais omit de dire qu’il s’agissait seulement du sol à labourer et en aucun cas des moissons et des récoltes qui furent derechef confisquées… S’ensuivit la famine de 1921/1922 la guerre civile étant alors close, répétition avant l’Holodomor de 1932/33 et leurs affreux cortèges de tragédies cannibales. La messe est dite.
« Welcome to 2030, I own nothing, have no privacy and life has never been better » [« Bienvenue en 2030, je ne possède rien, je n’ai pas d’intimité et la vie n’a jamais été plus belle »] nous déclarait le 12 novembre 2016 la claudette Ida Auken, députée danoise, membre éminent du Forum économique mondial…