En Tunisie, des amoureux de la nature ont créé l’association tunisienne de permaculture. Un mouvement naissant encore timide mais qui applique et défend ce mode d’agriculture respectueux de l’environnement, et cherche son positionnement par rapport au politique et au militantisme.
Goyavier, citronnier, cerisier, bananier, grenadier, mûrier, figuier, abricotier, amandier… Abdelhamid ose encore déplorer l’absence d’un manguier. Mais fort est le frugivore qui saurait nommer un autre fruit manquant. Des pamplemousses aux kiwis en passant par les kumkats et les avocats, le jardin de ce jeune retraité tunisien ressemble à un véritable paradis du fruit.
Forcément, ça fait des envieux. Des oisillons nichent à l’ombre des branches de l’oranger. Et depuis quelques semaines, Abdelhamid fait face à une invasion de pucerons. C’est pourquoi il a planté des capucines, une plante médicinale connue pour attirer ces nuisibles. « Chaque plante doit avoir deux fonctions minimum », explique le jardinier en passant devant les oliviers, alignés en brise-vent. Et lorsque la nature ne lui offre pas de solutions immédiates, il philosophe devant les limaces qui attaquent ses fraisiers : « La nature est généreuse, on partage le surplus. C’est un autre principe de la permaculture. »
La magie de la permaculture
Depuis trois ans, ce n’est pas pour profiter des criques rocheuses du Golfe de Tunis que l’homme se rend, un ou deux jours par semaine, à Sounine. C’est pour cultiver son petit bout de terre, grand d’à peine un millier de mètres carrés : « La magie, c’est ce qu’un tout petit espace peut contenir », glisse-t-il en observant son jardin. La magie, c’est surtout celle de la permaculture, cette démarche qui vise à construire des écosystèmes résilients et durables, basés sur les interactions fertiles du monde vivant.
L’agriculture biologique en est un des premiers piliers, et en la matière, Abdelhamid n’en est plus à son premier compost : système de butte, couverture en paillis du sol, cultures associées… Il maîtrise les techniques naturellement productives : les semis de courge et les plants de tomates sont recouverts de luzerne, une plante fourragère réputée pour sa fertilisation des sols. Et si son hôtel à insectes – « en pension complète » – n’est pas encore achevé, un petit dôme en pierre sert d’abri pour les trois hérissons qu’il a ramenés de Sidi Bouzid.