L’un de nos observateurs en Israël a relevé une question étrange lors d’un examen soumis à des étudiants ingénieurs : sans subtilité aucune, une question liait les migrants africains présents dans le pays à des rats.
Moran Mekamel a posté la question de l’examen sur son compte Facebook, elle lui avait été envoyée par une une élève-ingénieure.
La question, en hébreu, décrivait une situation fictionnelle. Les élèves devaient se prononcer sur le creusement d’un tunnel sous-terrain pour faire circuler un train dans la zone de Tel-Aviv. Pour ce faire, « il a été décidé de transférer les rats vers des territoires africains, où les rats sont demandés pour le développement du vaccin contre la rage ». Les élèves avaient ensuite le choix entre plusieurs réponses possibles pour rassembler les rongeurs : attraper 400 rats par mois pendant les heures de travail, ce qui coûtera à la ville 9 shekels (2 euros) par animal ou assembler les rats en dehors des horaires de travail, ce qui coûtera plus cher. La partie la plus étrange arrive à ce moment-là ; un dernier choix propose aux étudiants d’envoyer les rats « dans un établissement situé dans le sud d’Israël » appelé « Ruhot ».
- Manifestation de milliers d’immigrés africains devant la Knesset, à Jérusalem, le 8 janvier 2014
C’est bien là le problème : « Ruhot », qui signifie « vent » en français, est très proche de « Holot », qui se traduit par « sable », et qui est le nom d’une prison célèbre dans le sud d’Israël. Des centaines de demandeurs d’asile africains y sont détenus – la plupart d’entre eux sont originaires du Soudan et d’Érythrée. Les autorités veulent les renvoyer soit dans leur pays d’origine, soit, s’ils refusent (ce que la plupart font, ayant fuit les guerres ou les persécutions), vers d’autres pays africains.
De nombreux Israéliens, dont des politiciens, ont qualifié publiquement ces migrants d’« infiltrés », ce qui pour Mekamel n’est pas loin du terme « rats ».
La question de l’examen avait été écrite par le professeur Moshe Kaspi, qui est aussi le directeur du département étudiant de l’établissement. Dans une interview, le 15/02 au site d’infos Ynet, il s’est excusé, expliquant qu’il avait essayé de faire de l’humour avec cette question.