Ils avaient promis une journée « historique », ils n’ont pas manqué à leur parole. Jeudi 17 décembre, la double élection du président de l’Assemblée de Corse et du patron du conseil exécutif (le mini-gouvernement de l’île) a donné lieu à des discours et une mise en scène inédites, dans l’hémicycle corse de l’hôtel de région, à Ajaccio.
À peine intronisés, l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni a évoqué le « premier gouvernement national depuis le XVIIIe », le siècle de la « nation » corse pour les nationalistes, tandis que Gilles Simeoni appelait à « une relation repensée et reformulée avec l’État ». Peu avant 20 heures, les neuf élus du « gouvernement » de l’île ont conclu la journée par une étrange prestation de serment, qu’ils avaient pensé dans ses moindres détails, provoquant la stupeur de Manuel Valls. Le premier ministre cherchait vendredi matin à joindre M. Simeoni.
À peine élu, au troisième tour, par 24 voix (nationalistes) sur 51 élus, le nouveau président de l’Assemblée de Corse prononce – en corse – un discours où il ne renie aucune de ses idées politiques. « Je serai naturellement le président de tous les élus de cette Assemblée, lit-on dans la traduction préparée pour les journalistes continentaux, mais il me faut dire quelques mots au nom de cette partie du mouvement national qui n’a jamais accepté de reconnaître le principe de la tutelle française sur la Corse, au nom de tous ceux qui depuis 1768 [la deuxième révolution corse], n’ont cessé de combattre pour que la Corse demeure une nation, au nom de ceux qui n’ont jamais renoncé à l’idée d’indépendance. »
C’est la première référence de la journée à l’âge d’or de l’histoire nationaliste corse, quand, avant les États-Unis et la Révolution française, le général Pascal Paoli, ce « père de la Nation corse », avait proclamé la première constitution de souveraineté populaire. « Evviva a Nazione, Evviva a Corsica. Ce gouvernement national, le premier depuis le XVIIIe, sera celui de tous ! », lance encore M. Talamoni. Dans les travées, le visage du communiste Dominique Bucchini, figure « républicaine » et « anti-nationaliste » de l’île – son prédécesseur au perchoir –, se ferme. [...]
Dans les tribunes, une militante entonne le Diu vi salvi regina, qui est l’hymne corse. L’hémicycle se lève et reprend, avec force pour les nationalistes, un peu de gêne pour quelques autres – une élue de la liste de Paul Giacobbi décline l’invitation et reste assise.
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