Un député français, élu de la République, peut-il appeler un commissariat de police et demander des informations sur une garde à vue en cours ? Objectivement, rien ne l’en empêche. Seulement, les policiers ne sont pas tenus de répondre à ses questions, le seul à qui ils doivent rendre des comptes étant le magistrat en charge de l’enquête.
Le 25 juillet dernier, le ton est monté entre un policier du commissariat du 19e arrondissement de Paris et Meyer Habib, député (UDI) de la 8e circonscription des Français de l’étranger. A tel point que l’incident a été relaté dans une main courante, un écrit policier destiné à garder une trace de faits qui n’ont pas forcément abouti sur une procédure.
Il était précisément 23h57 quand cet officier de police judiciaire (OPJ) reçoit un coup de téléphone sur son poste. A l’autre bout du fil, le député Meyer Habib. Ce dernier dit vouloir obtenir des informations concernant deux individus placés plus tôt en garde à vue dans les locaux du commissariat. Ces deux hommes, présentés comme appartenant à la communauté juive de l’arrondissement, avaient été interpellés dans la soirée après une bagarre dans le quartier faisant deux victimes, supposées de confession musulmane.
Le ton monte
L’élu, à la double nationalité franco-israélienne et proche de la communauté juive en France, justifie auprès de 20 Minutes son appel par un SMS reçu d’une connaissance de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) lui demandant de s’enquérir de la situation de ces deux hommes derrière les barreaux. « Je ne les connaissais pas. J’ai simplement téléphoné pour comprendre ce qu’il s’était passé et essayer de calmer la situation », explique aujourd’hui Meyer Habib. D’autant que, souligne-t-il, ce soir-là, commençait « le jeûne de Tisha Beav, une fête aussi importante pour les juifs qu’est le Ramadan pour les musulmans ».
La discussion aurait pu s’arrêter là. Seulement, le ton est monté entre l’élu et le policier qui, dans un premier temps, émet des doutes sur la qualité de député de son interlocuteur. L’OPJ se rappelle à juste titre d’une mésaventure d’un de ses collègues, quelques mois auparavant, pris au piège d’un « swatting », canular téléphonique, dirigé à l’encontre d’Enora Malagré. Des précautions qui agacent le parlementaire. Dans son rapport, le policier indique que le député « se montrait véhément ». Et poursuit : « Il arguait que ses fonctions l’autorisaient à avoir instantanément accès au dossier de deux individus de confession israélite ».