17 ans après, non content d’avoir été soutenu par le président de la République en personne dans le développement de son association, l’ingrat Alexandre Jardin se déclare choqué par une petite phrase de Jacques Chirac, à propos d’une femme.
« Il m’a dit “dans le département il faut s’appuyer sur cette femme elle connaît tout le monde”, il se penche et puis il me dit, “elle est bonne”. La vulgarité de la phrase, de la part d’un chef de l’État, pour le citoyen que je suis je tombe de 30 étages. Et puis au bout d’un moment, voyez on était assis côte à côte... Il écrit un numéro de portable et il me file le portable de la fille. Et je me dis voilà le successeur de Charles de Gaulle. Ça a fait partie des moments où je me suis dit que nous avions clairement un problème en France. On a envoyé une classe politique indigne. Cette scène que je vous raconte, c’est hallucinant. Et pour un citoyen qui rencontre le chef de son État, tout à coup je bascule dans un monde d’une espèce de vulgarité inouïe. »
À cheval donné on ne regarde pas les dents...
Bon, le petit Jardin, à moitié mythomane de son état, n’a jamais fréquenté les bistrots, les vestiaires, ou les bouffes entre potes. Trop occupé à balancer sur sa famille des indiscrétions qui oscillent entre le fantasme et la semi-réalité, il a perdu le contact avec le réel. Car oui, les mecs parlent comme ça des femmes : « elle est canon », « elle a un gros cul », « mate ses nichons », « purée les jambes de folie », « je lui mettrais bien une cartouche »... Et dire d’une femme qu’« elle est bonne », n’est pas ce qu’il y a de plus vulgaire. C’est même un hommage, et doit être reçu comme tel. Sauf pour le Jardinet qui, avec 17 ans de retard, pousse des cris de vierge effarouchée, après avoir bien profité de l’entregent d’un président pour son petit business associatif.
Aujourd’hui, il se présente à l’élection présidentielle avec un projet bâteau, moraliser la vie politique, partir des gens, bla bla bla, alors que la politique n’a rien à voir avec la morale : c’est la gestion des contraires, des forces antagonistes, l’appréhension de rapports de forces qui demande de la lucidité, du calcul et de la vision, ce dont Jardinet semble totalement dépourvu. C’est vrai que pendant cette campagne 2017, on entend partout les Français pleurnicher que les hommes politiques sont des « menteurs » et des « escrocs », mais pas plus que n’importe qui. C’est une profession difficile qui a ses moments de gloire médiatique et de combinazione dans la coulisse. À nous d’analyser les événements en cours avec une grille pas seulement morale, mais aussi explicative. Car le manichéisme ne mène pas loin.
On peut être un bon président et courir après les femmes, ou un mauvais président qui court aussi après les femmes. Hollande fait partie de la seconde catégorie. Les Français se foutent comme de leur premier bulletin glissé dans l’urne de la sexualité de leurs gouvernants, du moment qu’ils font bien leur boulot. Chirac a été par moments non pas un grand, mais un bon président, plutôt rassembleur et avec une certaine vision à l’international. Cependant, il a fini par se coucher devant le courant libéral à l’intérieur (Sarkozy) et la ligne américaine à l’extérieur. Les Russes ont eu plus de chance avec Poutine, en poste depuis 17 ans, lui aussi. Avec Vladimir, il n’est pas question de petites culottes en scooter, mais de vision et de stratégie. Une morale supérieure, quoi.