Lorsqu’en 2007 Nicolas Sarkozy est élu président, le parti socialiste vient de perdre sa quatrième élection présidentielle, à cause notamment du poids de l’héritage Mitterrand ou de l’absence de candidats crédibles pour le peuple français.
Fin 2008, un congrès a donc lieu pour désigner un nouveau premier secrétaire ainsi qu’une nouvelle direction à tous les échelons du parti. Le congrès verra apparaître différentes lignes de fractures au sein du parti socialiste, notamment une fracture entre partisans et adversaires du traité établissant une constitution pour l’Europe mais également entre nouvelle et ancienne génération. Les conflits de personnes empêcheront l’apparition d’une motion majoritaire à soutenir et laisseront les militants devoir choisir le premier secrétaire.
L’élection aboutira à la victoire de Martine Aubry avec 50,02 % des suffrages exprimés et 42 voix d’avance face a Ségolène Royal ! La perdante de ce second tour contestera les résultats, ses partisans réclameront un nouveau vote, déposeront plainte et des erreurs de comptage de voix seront relevées dans plusieurs fédérations. Finalement la commission de contrôle des voix validera l’élection de Martine Aubry avec 67 451 voix contre 67 349 voix, soit 102 voix d’avance et 0,07 % des suffrages exprimés. Ce n’est qu’en 2009 que des journalistes français accuseront Martine Aubry et ses partisans d’avoir falsifié à leur profit les résultats du second tour.
La droite française tente elle aussi de se donner un second souffle et ce n’est pas facile. Le bilan Sarkozy est effroyable et ce a tous les niveaux. À échelle comparée, seul Obama a sans doute fait pire, tant politiquement, qu’économiquement ou socialement. En cinq ans, la France a perdu un point de compétitivité et a été dégradée, le nombre de chômeurs a progressé de près d’un million, le pouvoir d’achat et la croissance ont stagné et les impôts ont augmenté. Mais surtout la dette publique a augmenté de 500 milliards d’euros. Pour la presse allemande ou anglaise, la France semble être assurée de devenir la prochaine Grèce de l’Europe.
C’est dans ce contexte que se sont déroulées les élections du 18 novembre 2012. Lors de cette campagne, le mainstream médiatique français a encore une fois pu démontrer sa sublime incompétence, puisque jusqu’à la veille des élections, il nous était assuré que François Fillon remporterait haut la main avec sans aucun doute 70 % des voix. Pas de chance puisque le score a été bien plus serré que prévu. Jean Francois Copé aurait reçu 87 388 voix contre 87 290 voix pour son adversaire, soit un avantage de 82 voix, un peu moins de 0,03 % des suffrages exprimés. On croit rêver ! Rapidement les accusations de fraudes sont apparues, surtout dans le mafieux sud-est mais aussi dans certains départements d’outre mer.
On peut se poser la question : les fraudes électorales sont-elles devenues une constante de la politique française, à droite comme à gauche ? Vu de Russie, pays qui a subi un réel matraquage médiatique pour des supposées fraudes électorales, la situation est cocasse. Faut-il envisager que dans un futur proche, lors d’élections internes, des observateurs de l’Organisation de Shanghai (russes ou chinois) soient contraints par exemple contrôler que les scrutins se déroulent de façon correcte ?
Une solution intermédiaire semble se dessiner avec l’entrée en scène d’Alain Juppé comme médiateur suprême du conflit de coqs qui ravage le parti. Celui-ci, parangon de vertu comme chacun sait, était l’un des premiers à pavoiser sur les plateaux de télévision français pour donner des conseils à Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev sur leur gestion de Russie Unie et du pouvoir. « Les peuples n’aiment pas qu’on joue avec les processus démocratiques, c’est quelque chose qui finit par choquer », affirmait-il lors d’un entretien sur TV5 Monde fin 2011. Heureusement qu’en France en 2012 le ridicule ne tue pas.
Mais on peut se poser des questions également sur la personnalité des deux belligérants (« les deux abrutis », a dit Sarkozy) et leur aptitude à se mettre sur l’orbite d’un présidentiable crédible car c’est de cela qu’il s’agit : une bataille à mort pour être le candidat à l’élection présidentielle suivante.
Pour le cas de l’UMP en ce 23 novembre 2012, l’objectif est également de tenter de survivre à ses propres contradictions. Le mandat Sarkozy aura eu un double effet pervers : faire perdre toutes les élections à sa famille de pensée (y compris les élections internes) mais surtout idéologiquement déboussoler totalement la droite française. Il est intéressant de constater que celle-ci se cherche une Idéologie, alors qu’elle est tiraillée entre des courants fortement contradictoires : souverainistes/européistes, libéraux/conservateurs et centristes/droitistes. Celle-ci est aussi écartelée entre un nécessaire raidissement identitaire que demandent tant les électeurs que les militants, et une famille de cadres et de responsables politiques qui cherchent eux désespérément à re-centraliser la ligne du parti pour ne pas laisser le centre à la gauche. Enfin, une autre ligne de fracture oppose une majorité européiste à une minorité souverainiste. Nul doute que cette « droite » connaisse un redémarrage qui aboutisse à une quasi-scission de fait, et sans doute au retour a un dualisme UDI/UMP sur le mode UDF/RPR.
Une fragmentation qui laisse songer que finalement, les partis politiques français, dénués de projets et d’idéologie, tout autant que de leader réellement aptes à gouverner, ne sont sans doute plus adaptés au cadre national sous tutelle européenne. Faut il une VIème République ? La presse suisse a formulé cette idée un peu différemment en affirmant que : « Les primaires de l’UMP ont une fois de plus démontré que le pire en politique est français. La V ème République doit changer, elle ne fabrique que des nains. » On peut difficilement ne pas être d’accord.
Pauvre France… En contemplant le spectacle pathétique et bouffonesque que l’UMP offre au monde entier, ridiculisant notre pays, je n’ai qu’une phrase qui me vient a l’esprit : « De Gaulle, reviens ! »