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Élection du secrétaire général de la Francophonie : un enjeu géopolitique ?

Depuis sa création en 1986, la désignation du secrétaire général de l’Organisation Intergouvernementale de la Francophonie (OIF) n’a guère été beaucoup plus qu’un débat entre le président de la République française et lui-même. La condition était toutefois de s’assurer d’une candidature incontestable qui fasse consensus. Cela a été le cas de Boutros Boutros-Ghali et d’Abdou Diouf.

Cette fois, la donne est beaucoup plus complexe. En effet, il était jusqu’ici considéré comme admis que le poste de secrétaire général revenait à un pays du Sud (c’est-à-dire à son bloc principal, celui des pays membres de l’Union Africaine) et le poste d’administrateur général à un pays du Nord (c’est le Québécois Clément Duhaime qui occupe le poste depuis janvier 2006, à la satisfaction générale). Or le Canada, constatant l’absence de candidature d’un chef d’État africain, a lancé, au début de 2013, la candidature de Michaëlle Jean [photo ci-dessus]. [...]

Il se dit de façon insistante que c’est encouragé par les États-Unis que le gouvernement fédéral canadien aurait décidé de s’investir dans cette opération. [...]

La candidate du Nord et, à son corps défendant ou pas, peu importe, du monde unipolaire est Michaëlle Jean. Elle ne partage qu’avec Pierre Buyoya, ancien président du Burundi, dont nous parlerons plus bas, le fait de n’avoir jamais été démocratiquement élue. En outre, Michaëlle Jean n’a occupé qu’un poste public, celui de gouverneur du Canada, c’est-à-dire qu’elle a été la représentante, pendant 5 ans, de la reine d’Angleterre qui est, par une intéressante fiction juridique, en même temps reine du Canada (elle a été nommée par la reine sur proposition du Premier ministre canadien). Quelles que soient par ailleurs les qualités professionnelle éminentes de Madame Jean (elle a été une très bonne journaliste), elle a seulement bien géré une fonction de représentation qui est une survivance curieuse du pouvoir colonial anglais. Cela suffira-t-il à lui permettre d’accéder à la succession d’Abdou Diouf ? Par ailleurs, bien qu’elle soit une artiste de la communication politique, sa connaissance de la Francophonie et de ses enjeux est superficielle. Il est certain que le gouvernement canadien est très conscient des handicaps de sa propre candidate et on ne peut exclure que lors du prochain sommet, ce gouvernement accepte un autre choix de la part de chefs d’États africains qui sont, avant tout, pour le Canada, supposés être des amis, même si, on l’a vu plus haut, son comportement n’est pas toujours si amical. Mais la Canada a des intérêts économiques, en particuliers miniers, très forts en Afrique et qu’il a intérêt à préserver.

Restent donc quatre candidats, tous issus de pays membres de l’Union africaine et potentiellement représentants d’un monde multipolaire.

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