Au Nigeria, on voit les choses en grand, ébloui probablement par les projets pharaoniques de Dubaï. On est ainsi en train de construire au large de Lagos une presqu’île artificielle de dix kilomètres carrés d’où surgira une ville nouvelle, croisement étrange d’un Disneyland et d’une City.
Appelé à devenir le nouveau centre financier de l’Afrique de l’Ouest, ce projet fou, baptisé Eko Atlantic, accueillera également de nombreux appartements de luxe. « Le futur Hong Kong de l’Afrique », selon le directeur de la Banque mondiale du Nigeria, est présenté sous les traits d’une ville durable et économe en énergie. Ce qui est loin d’être un standard au Nigeria…
Lagos est une capitale chaotique dans laquelle s’agglutinent quelque treize millions de personnes dans des conditions pour le moins précaires. Des conditions qui s’étendent à l’ensemble du pays… En 2011, 63 % de la population nigériane vivait avec moins d’un dollar par jour. S’ajoutent à ces conditions de dénuement extrême les conflits religieux : depuis 1999, les violences entre chrétiens et musulmans ont causé la mort de plus de 14 000 personnes. Au niveau de l’environnement, la situation n’est pas plus brillante : depuis les années cinquante, les entreprises pétrolières polluent le delta du Niger, privant les populations de pêcheurs et d’agriculteurs de leurs moyens de subsistance.
Le projet pose bien évidemment question. Le fait qu’Eko Atlantic soit administré par le secteur privé laisse peu d’espoirs aux habitants des bidonvilles de voir leur situation améliorée.