Présent dans dix cantons de l’Est de la France, ce parti qui se revendique du communautarisme et dit lutter contre les "discriminations", fait grincer des dents.
La présentation de ses candidats dans dix cantons à Strasbourg, Colmar, Belfort, Montbéliard, Pontarlier et Besançon aux départementales n’a pas créé la même polémique que pour l’Union des démocrates musulmans de France (UDMF). Le parti Égalité et Justice (PEJ) n’en est pas moins un parti communautaire, issu de la diaspora turque. Le président de sa fédération du Bas-Rhin, Fatih Karakaya, préfère le définir comme un "parti laïque qui défend les valeurs familiales et traditionnelles des musulmans et des minorités".
S’ils se disent indépendants, de nombreux cadres du PEJ ont aussi des responsabilités au sein de la Cojep. Une structure d’éducation populaire dont le champ d’action principale, à l’Est de la France, épouse la carte d’Égalité et Justice. Depuis les manifestations du parc Gezi d’Istanbul, la Cojep "ne cache plus son accointance avec l’AKP", le parti pour la Justice et le Développement du Premier ministre Erdogan, souligne Mine Günbay, adjointe au maire de Strasbourg en charge notamment de la démocratie locale et du droit des femmes. Le PEJ un parti islamiste ? "À minima islamo-conservateur", répond l’élue d’origine turque pour qui son programme est "absolument abject" et a des "relents panturquistes".
Défense du "communautarisme"
Dans son manifeste mis en ligne, le PEJ adopte une position victimaire marquée, estimant en préambule que "la rhétorique islamophobe est reprise par tous les acteurs politiques et européens". "Il n’y a pas de différence entre Manuel Valls et le FN", souligne Fatih Karakaya. Outre des revendications liées aux "quartiers" et à la politique de la Ville, le PEJ demande pêle-mêle l’abolition de la loi sur l’interdiction du voile à l’école, l’instauration de l’Aïd-el-Kébir comme jour férié national, ou encore "la possibilité de menus halals dans les cantines scolaires". En matière internationale, le programme se résume à l’adhésion de la Turquie et de la Bosnie au sein de l’Union européenne ainsi qu’à la "défense des droits des Palestiniens".
Le parti défend également, noir sur blanc dans son manifeste, le "communautarisme", présenté comme l’une de ses "priorités". "Le regroupement de personnes au sein d’une structure ou autour d’un projet commun sur base de leurs similitudes culturelles ou religieuses est très mal perçu en France", regrette le parti qui propose la création "d’un organe communautaire chargé de surveiller le processus législatif". Parmi les lois que le PEJ entend adapter, celle de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. "Notre parti milite pour redéfinir la laïcité tout en garde (sic) à l’esprit le principe de la séparation des pouvoirs mais néanmoins mettre en place des accommodements raisonnables concernant les musulmans (...)."