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Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

Extrait d’Édouard Drumont, Le Testament d’un antisémite, 1891

 

Les Parisiens ont réélu la plupart des conseillers municipaux convaincus d’avoir trempé dans ces malpropretés. Ils les ont réélus très librement, avec des urnes très surveillées par des représentants de tous les partis, par des gens de comités experts dans toutes les roueries électorales et qu’on ne met pas facilement dedans.

 

Tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d’ataraxie, d’impassibilité générale, qui n’est point l’ataraxie stoïque dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n’agit. […]

Il y a eu trop d’efforts ce dernier siècle, trop de hâte trépidante, trop de connaissances fragmentaires, dispersées, illusoires. Il semble que l’on ait vécu dans un kaléidoscope. Obligée de s’appliquer à la fois aux théories sociales, aux découvertes de la science, aux essors des lettrés, la vision papillote et fatigue. Il faudrait ce regard à facettes des insectes, cet œil-mosaïque dû peut-être à des morcellements infinis de choses, pour comprendre tant de mouvements heurtés, tant de couleurs criardes. […]

La mort gagne le monde par l’insensibilité, par l’anesthésie. Cette anesthésie sociale, que l’on appelle l’ataraxie, envahit les masses, comme sa sœur envahit les êtres. Elle débute d’ici, de là, par plaques qui se rejoignent et couvrent bientôt le corps tout entier. Certaines régions intermédiaires jouissent d’une fausse excitation que l’on retrouve avant tous les désastres. Celui qu’attend la congestion bâtit des projets bienheureux. Nous autres, au bord du gouffre, nous affirmons le Progrès indéfini, une ère joyeuse et libre. Au fond, nous ne croyons même pas à demain, et nous nous en occupons très peu.

On a donné bien des noms à cet état particulier, que chacun constate. Weiss a parlé d’une maladie des moelles, d’un affaiblissement du vis vivendi ; d’autres d’insensibilité volitive, d’aboulie, d’impuissance de la volonté.

Personne, en tout cas, ne conteste la dégénérescence de cette race qui eut jadis une si débordante vitalité.

Il faut ajouter, cependant, que cette dépression intellectuelle, que les Français avouent eux-mêmes, ne se traduit pas chez eux par le pessimisme.

Le pessimisme est particulier aux natures supérieures. Dès qu’on touche aux profondeurs de l’être, qu’on se penche sur l’énigme du monde, qu’on s’unit de cœur à la souffrance de ceux qui nous entourent, il est impossible de ne pas éprouver une impression d’anxiété et d’amertume devant l’impénétrabilité de cet impassible univers, qui s’obstine à ne pas répondre à nos interrogations, à ne rien nous révéler de ses secrets… Les frivoles rient jusqu’à la mort ; les esprits moins légers, ceux qui réfléchissent sur les spectacles que la vie déroule devant eux et qui s’irritent de ce qu’elle leur cache, ne peuvent se défendre de la tristesse qui se dégage de tout… Cor sapientium ubi tristitia

Les Français modernes n’ont rien de tout cela. Les troublantes théories de Schopenhauer comme les belles désespérances de Tolstoï, vastes et désolées comme des steppes, les laissent parfaitement indifférents. Intellectuellement, c’est trop fort pour eux, trop étendu d’horizon, trop intense de pensée ; cela les obligerait à trop de méditation.

La conception que les Français contemporains ont de la vie n’a d’analogue dans aucun temps, elle est tout à fait particulière à notre époque. Notons tout d’abord que si la vie moderne s’est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, elle s’est singulièrement simplifiée au point de vue moral ; comme une espèce de peau de chagrin, elle se rétrécit tous les jours sous ce rapport.

Si elle avait toujours le ciel comme finalité et comme but, la vie jadis était, même au point de vue terrestre, chose importante et sérieuse ; elle se rattachait par des racines solides à des traditions de familles habitant depuis des siècles sur un même coin de terre, elle se prolongeait par-delà le tombeau par le désir qu’avaient les plus pauvres de laisser d’eux un bon souvenir, de léguer aux leurs de beaux exemples à suivre, un héritage d’honneur à garder à leur tour.

Tout cela a été élagué peu à peu, et l’on a mis ce qui restait en viager. Pour les privilégiés, pour les fils d’enrichis, la vie est une occasion de faire la fête ; pour les déshérités du sort, pour les forçats du travail, elle est un douloureux et monotone trimage, afin d’arriver à manger à peu près régulièrement et à mourir à l’hôpital. Pour les représentants des classes moyennes, pour ceux qui donnent l’idée la plus juste du pays, pour les bien doués, les bien portants, les bien armés, c’est une bagarre dans laquelle on est tombé on ne sait comment, et au milieu de laquelle il faut tâcher de se débrouiller et de se faire jour à coups de poing.

Il y a évidemment des touches cassées dans le clavier humain, des notes qui ne rendent plus. On ignore également la Gaieté franche des ancêtres et la tendre, la poétique Mélancolie. On ne sait plus ce que c’est que le Bonheur, ce présent des Dieux à quelques privilégiés, ce Bonheur qui avait un caractère presque sacré et dont Bonald disait : « Je salue le Bonheur parce qu’il est rare. » On peut dire même qu’à part peut-être chez quelques mères qui ont perdu leurs enfants, on ne connait plus la Douleur, j’entends la Douleur religieuse et grave d’autrefois. C’est fini et des enthousiasmes ardents et des généreuses angoisses d’un cœur déchiré par le Doute.

Il existe seulement des satisfactions et des embêtements, des chances et des guignons qui dépendent presque tous de circonstances matérielles. Tout cela rentre plus dans l’ordre des accidents, des faits divers, des catastrophes que dans l’ordre des sentiments, et l’âme n’en est affectée que très indirectement par les dérangements et les troubles que l’être physique en éprouve dans les habitudes et le train ordinaire de sa vie.

L’homme du Passé, en un mot, avait de nobles motifs pour vivre ; l’homme d’aujourd’hui a seulement quelques prétextes plausibles pour ne pas se tuer et accomplir jusqu’au bout sa corvée.

Cette corvée, le Français contemporain la subit avec un certain entrain, qui est un don qui lui reste de sa race ; il tâche de gagner le plus possible pour nocer davantage, pour se procurer plus de jouissances matérielles, pour faire honneur à ses affaires.

Le régime moderne a créé, on peut le dire, un type d’être spécial que l’on serait tenté d’appeler le contribuable ; car, en réalité, si on demandait à beaucoup d’hommes de ce temps pourquoi ils sont sur la terre, ils seraient bien embarrassés de répondre et finiraient par vous dire :

– Ma foi, pour faire notre service militaire, pour acquitter nos contributions et pour payer notre terme.

Le gendarme, le percepteur, le propriétaire sont, pour la plupart, la forme visible du Devoir et, dès qu’on est en règle avec eux, on a l’esprit en paix.

Aussi, remarquez-le, ces contributions le Français les paye avec une certaine joie ; il ne se sert pas du tout de ses droits de citoyen pour obtenir la diminution des impôts. Il en est de même du propriétaire : le Français est heureux quand il a rempli ses devoirs envers lui. Chez ce peuple, qu’on prétend livré à toutes les théories subversives, il n’y a pas d’exemple d’assassinat d’un propriétaire. Les insurgés de la Commune, maîtres absolus de Paris, ont tué de vénérables ecclésiastiques qui ne leur avaient fait aucun mal ; ils n’ont tué ni un des propriétaires implacables qui avaient augmenté sans pitié le loyer des pauvres ménages, ni un des huissiers qui avaient saisi jusqu’à la cendre des foyers.

Les Français sont admirablement dressés à toute cette organisation fiscale ; ils sont comme les méharis qui s’agenouillent pour qu’on puisse les charger plus facilement, ou comme les chevaux de renfort d’omnibus qui, leur besogne faite, vont tous seuls rejoindre leur place au bas de la montée et attendent là qu’on les attelle de nouveau.

Ces hommes si dociles à rendre à César ce qui est dû à César se regardent, en revanche, comme absolument affranchis de toute obligation envers Dieu.

Ce qui frappera plus tard l’observateur, quand il étudiera les générations présentes, c’est la facilité avec laquelle un peuple peut se passer de toute religion. Dans les départements qui entourent Paris, il y a des villages où les hommes ne mettent jamais les pieds à l’église. Je ne parle pas ici des hommes affichant des opinions anticléricales. En beaucoup d’endroits la période d’anticléricalisme militant est close. Les paysans et les ouvriers du pays saluent le curé parce que c’est un notable, mais ils n’éprouvent pas une seconde le besoin de penser à Dieu, d’élever leur cœur vers le Créateur, de s’unir par la prière à la Divinité. En dehors des dimanches, ils n’ont aucune notion des fêtes de l’Église et des événements qu’elles commémorent. C’est là tout un ordre de préoccupations radicalement aboli chez eux et, à leur point de vue, ils vivent très bien comme cela.

Quand, par hasard, ils entrent à l’église pour un mariage ou un service quelconque, ils s’y ennuient à avaler leur langue. Ce Sacrifice du Corps et du Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, sous les espèces du pain et du vin, ce drame si magnifiquement émouvant de la Messe, où chaque parole, chaque geste du prêtre a une signification si profonde, les laisse totalement indifférents ; ils ne le comprennent pas plus qu’ils ne comprendraient une cérémonie dans une pagode. Ils sont tout à fait revenus à l’état sauvage, très au-dessous, au point de vue du sentiment religieux, de ce qu’étaient nos pères au moment où le christianisme pénétra dans les Gaules ; pour les ramener, il faudrait les évangéliser à nouveau, il faudrait des apôtres comme saint Denis ou saint Éleuthère, qui aillent prêcher sur les chantiers ou dans les champs.

Ce sera, je le répète, un sujet de stupéfaction pour ceux qui écriront définitivement l’histoire de ce temps, que de voir avec quelle rapidité ce peuple, qui fut si croyant, qui resta si longtemps idéaliste, en est arrivé à être étranger à toute inquiétude sur l’âme, sur le mystère de la destinée, sur le Divin en un mot, à vivre de la vie seule des instincts, dans un matérialisme tranquille qui, chez beaucoup encore une fois, n’a plus rien d’agressif contre les ministres du culte.

Il en est de même, d’ailleurs, pour tout ce qui touche au domaine moral. Je n’ai pas l’intention de déclamer contre la corruption des mœurs, ce qui serait parfaitement inutile ; je veux noter simplement à quel degré sur ce point encore les opinions se sont modifiées en quelques années. Ceux qui appartiennent à ma génération seront incontestablement frappés de l’exactitude de ce constat.

Il y a vingt ans, les mots : un failli, un voleur, un condamné pour escroquerie étaient des mots-épouvantails ; une condamnation pour vol était la mort sociale pour un homme. Aujourd’hui ces termes n’ont plus qu’une importance très secondaire.

Sans doute, on s’écarte encore du voleur classique, couvert de haillons, armé d’un gros bâton, mais ce n’est pas parce qu’il est voleur, c’est parce qu’il est mal mis. Les voleurs habillés comme tout le monde sont les bienvenus partout.

 

Panthéon sapaudien

 






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28 Commentaires

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  • #3553197
    Le 13 août à 19:43 par Questionneur
    Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

    "Le pessimisme est particulier aux natures supérieures". Je ne suis pas d’accord avec son assertion.
    D’abord il y a le message non subliminal : Je suis pessimiste et je suis un être supérieur.
    Mais surtout le pessimisme n’est pas l’état d’un personne qui s’interrogerait, qui aurait une curiosité et donc une perception des éléments que d’autres n’auraient pas. Pour faire court des personne très basiques peuvent être pessimistes et non pas des idiots heureux. A l’inverse des personnes ayant une forte analyse peuvent décider de vaincre cet état de pessimisme en le surpassant. Le responsable ne peut s’abandonner au pessimisme et cela ne veut pas dire qu’il n’en a pas la conscience.

     

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    • #3553540

      Un pessimiste est un réaliste, un optimiste se prend régulièrement le réel dans la tronche (mais reste optimiste) ! C’est pourquoi un pessimiste est souvent gai (il n’attend rien de bon et sais à quoi s’en tenir) ) alors qu’un optimisme fait la gueule ( toujours déçu, cocu, battu) !

       
    • #3554259
      Le 18 août à 09:27 par NouvelAssistant
      Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

      Regarde chez les peuples qui ont conservé soit une forte conviction religieuse, soit une haute idée philosophique de l’existence : les 2 sont dominés par une circonspection mélancolique devant l’existence. Ca ne les empêche pas d’être gais, mais de façon générale, ils savent que ce monde et ce qu’il contient ne sont pas la pour nous satisfaire ; et domine en effet en eux un regard désabusé, sans rêvasseries insensées, c’est à dire un certain pessimisme.

       
    • #3555116

      Être pessimiste ou optimiste n’a aucun sens en soi. Tout dépend du niveau de lucidité dans les deux cas, un optimisme sans discernement peut conduire à une catastrophe, autant qu’un pessimiste dans le même état.
      Nous n’avons besoin ni d’optimisme ou de pessimisme, mais de discernement du réel de notre époque afin d’avoir le plus de chance de ne pas sombrer collectivement. J’avoue, la lucidité sur l’histoire qui se déroule sous nos yeux est très loin d’être partagée...

       
    • #3555292
      Le 22 août à 10:46 par Saturnin Pompier
      Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

      Un pessimiste est un optimiste bien informé.

       
    • #3555351

      En politique, un pessimiste est un boulet qui pousse à l’inaction et tire tout le monde vers le bas.

       
  • #3553271

    Pour la suite : La fin d’un monde ( de plus de 600 pages ) il faut lire : La fin d’un monde de Patrick Buisson

     

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  • #3553282
    Le 14 août à 10:34 par Robert le Pieux
    Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

    Texte plus que jamais d’actualité après 134 ans de "Progrès" !
    Résultat d’un individualisme forcené qui rejette toute transcendance et toute cohésion au nom de la "jouissance" privée dont le prix ne cesse de croitre.
    Tant que la divergence sera prônée et acceptée par les moutons au nom d’une "liberté" illusoire, la décadence s’étendra.
    Le rappel sur les exactions commises par les Insurgés de la Commune est criant de vérité, ne nous trompons pas d’ennemi !

     

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  • #3553298
    Le 14 août à 11:48 par Francois Desvignes
    Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

    Si la question est quand nous avons commencé à descendre et quelle en a été la cause, la réponse est :

    - Quand ? : 17 juin 1789 lorsque les etats generaux se sont déclarés Assemblée nationale.
    - La cause ? : Apparition de Paray le Monial le 17 juin 1689.

    C’est-à-dire le rejet du Christ et du christianisme de la vie politique et sociale en France et à travers elle dans le Monde.

    Avant le 17 juin 1789 : " Mon premier devoir de Roi est d’être juste même contre mes intérêts et de ne jamais accabler les petites gens" (Louis XV).

    Après le 17 juin 1789 : c’est exactement le contraire.

    La cause ?

    Louis XV savait qu’il serait jugé le jour de sa mort par Dieu.
    Marianne se croit divine et immortelle depuis qu’elle a exproprié le Christ de la vie politique et le christianisme de France

     

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    • #3553544
      Le 15 août à 13:09 par Pascale Marvier
      Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

      Bonjour Mr Desvignes.

      Merci pour vos repères historiques
      Je ne connaissais pas le point historique de Peray. Sur quel ouvrage puis je approfondir mes connaissances sur le sujet.
      P.Marvier

       
  • #3553333
    Le 14 août à 14:06 par N Fabre
    Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

    En effet un esprit suicidaire se reconnaît à son absence de curiosité .

     

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  • #3553420

    malgré tout le respect que l’on doit à drumont,
    ce me semble là un point de vue plutôt parisien que français,
    ou éventuellement visionnaire, disons le début de la fin.....
    100 ans après la révolution, la foi était encore très vivace dans les campagnes,
    c’est aussi l’époque des flamboyantes et résolues fois des papes léon XIII et pie X.....
    pour gravement tuer la foi en france, encore longtemps majoritairement rurale,
    il faudra finalement tuer les français, de facto numérique et par choix politique en premier lieu les ruraux, via deux guerres mondiales,
    puis noyer et illusionner, manipuler, perdre, les survivants, encore en premier lieu les ruraux, dans tous les matérialismes possibles pré-existants depuis effectivement 100 à 150 ans, voire depuis la renaissance, selon guyénot, puis développés plus avant :
    matériel, technique, économique, social, urbaniste, sociétal, fée électricité, loisirs, sports et dieux du stade, scientifique, politique, spirituel.....

     

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  • #3553433

    Ce texte de Drumont sur la décadence des français de son époque et leur avachissement moral, ne reflète que la vision idéalisée par un bourgeois parisien du début du XXe S. du mythe qu’il s’est fait de la joyeuse France "gauloise" du passé. Il ne parle que d’un peuple imaginaire, qu’il n’a visiblement pas cotoyé et lui prête des qualités et des centres d’intérêts bourgeois qui n’ont jamais été les siens.
    A son époque, comme par le passé, le peuple de France était aux trois quarts composés de paysans n’ayant quitté leur village et leurs champs qu’à l’occasion du service militaire, et comme tous les paysans de l’époque et leurs prédecesseurs, leur centre d’intérêt unique était de savoir si la récolte allait être bonne, si la naissance du veau allait se passer sans encombre, si le renard, la martre ou un chien errant n’allait pas faire un sort à leurs volailles. Leurs joies se limitaient à avoir assez à manger dans leur assiette, aux fêtes de fin de moisson, à la fête du cochon, aux bals lors des fêtes de village ou la jeunesse allait danser pour trouver une fille à marier. Bref, des préocupations bien terre à terre, loin de la poétique Mélancolie. Quand à prétendre que les français de son époque n’avaient plus de religion, c’était peu être le cas pour la minorité vivant dans les grandes villes ou le prètre ne servait plus qu’à célèbrer les marriages et les enterrements ; à la campagne, on allait à l’église tous les dimanches, et le prètre bénissait les animaux et les récoltes tout autant que les humains, on allait à l’église pour prier pour la pluie, pour que le soleil fasse dorer les blés, pour que les troupeaux croissent et se multiplient, pas pour se sentir émus par le drame émouvant de la messe, qui ne sont des préoccupations que d’intellectuels ou de gens "qui ont du temps pour penser, car ils ont des domestiques pour faire leur ouvrage".
    Quand à prétendre que la vie moderne s’est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, il convient de se rappeler que la plupart des Français de la campagne n’ont eu l’électricité et l’eau courante souvent qu’après la 2eme guerre mondiale, voire même dans les années 60. On allait faire sa lessive au lavoir, dans l’eau glacée de la rivière encore jusqu’au milieu des années 70 dans certains villages.
    Les raffinement du bien être dont parle Drumont, ne se limitent pour eux qu’à s’éclairer à la lampe à pétrole au lieu de la chandelle (et encore seulement pour les plus riches paysans).

     

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    • #3553541

      N’empêche qu’il avait 100% raison sur l’évolution de la société et c’est ça qui compte ! Un visionnaire ! Un intellectuel, un philosophe, un écrivain n’a pas besoin d’être paysan pour avoir raison.

       
    • #3553624

      @Azerty :

      En réalité, il a raison et tord à la fois :

      - Il a raison de constater que le peuple dans sa grande majorité ne pense qu’à améliorer son confort matériel, est individualiste, ne voit pas plus loin que le bout de son nez et n’a que des intérêts très terre à terre et à court terme.

      - Il a tord de croire qu’il s’agit d’un changement radical par rapport à la mentalité des générations antérieures. Il suffit de lire les commentaires de la Guerre des Gaules de Jules César, pour comprendre que sa vision du Joyeux Gaulois est juste une vision idéalisée et romantique , à la mode à l’époque à cause des fouilles commandées par Napoléon III sur les sites des combats de la conquête.
      De Bello Gallico montre bien à quel point la mentalité gauloise (division, individualisme, opportunisme, indécision politique, tergiversation, egoïsme, esprit de clan...etc) est similaire à la mentalité moderne.

      Il est probable que ce que Drumont critique, soit non pas un changement de mentalité du peuple de France, mais tout simplement le fait que la mentalité française, voire tout simplement la mentalité humaine ne soit pas au niveau de ce qu’il en attend.

       
    • #3553896
      Le 17 août à 02:24 par Macarel
      Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

      1) La guerre des Gaules date du Moyen-Âge. C’est de la mythologie. ( Demandez à Chat GPT de quand date le manuscrit le plus ancien )

      2) On ne sait rien sur les masses de ce temps là.

      3) L’erreur vient du fait qu’il confond ’’ les gens ’’ et les modèles qui étaient proposés à la masse, et qui, on le présume, impactaient les représentations de la vie et les systèmes de valeur en vigueur à l’époque.

       
    • #3553952

      @ Macarel :
      Drôle de "mythologie", que ce texte corroboré par les fouilles effectuées au Second Empire et à l’époque moderne, sur des sites selon vous imaginaires.

      Le fait que le plus ancien manuscript des Commentaires de César date, selon Chat GPT (la belle référence !), du Moyen-Age, ne signifie nullement qu’il s’agisse de la version originale, simplement que les manuscripts plus anciens ainsi que l’original ont été perdus.

      Et même si la version originale du bello Gallico avait été un "roman" écrit au moyen-âge, il refléterait la mentalité de la France du Moyen-âge, en rien différente de ce qui est décrit par Drumont ou le Jules Cesar "imaginaire", comme le prouve assez bien l’épisode (ou plutôt les épisodes) de la guerre de 100 ans, avec les chamailleries entre Armagnacs et Bourguigons, les changements constants d’allégeance des seigneurs Gascons tour à tour pour le roi de France ou pour l’Anglais, selon leur intérêt matériel individualiste bien compris. Et l’épisode avec l’évêque Cochon, n’est pas si différent de ce qui est narré dans la Guerre des Gaules, ou le Gaulois est plus souvent au service de l’ennemi qu’a celui de sa propre nation.

       
    • #3555360
      Le 22 août à 18:32 par Vladimir Vaxxine
      Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

      @Knokke

      Oh tiens, comme c’est pratique. Rien pendant 800 ans, puis on présume que l’original a dû être perdu comme a toujours envie d’y croire.

      Lisez le bouquin de Guyénot sur le récentisme. Y’a tout dedans.

      Aucune source de première main sur l’empire Romain. Que des copies qui apparaissent toutes dans les mêmes monastères comme par magie à partir du IXème siècle dans les trois quatre mêmes monastères ( Saint-Gall, Corbie, Hersfeld ).

      Quant aux pseudo fouilles qui aboutissent jamais à rien, sinon à du bricolage intellectuel pour faire rentrer des carrés dans des ronds avec des bouts de ficelle, je vous les laisse.

      Chat GPT est un très bel outil quand on sait s’en servir, je vois pas ce qui vous fait ricaner.
      Quelles sont vos sources à vous ? L’historiographie universitaire officielle ?

      Ça fait des siècles que la chronologie officielle est contestée. Penchez-vous sur la figure de Jean Hardouin, si vous ne le connaissez pas, je vous conseille de questionner Chat GPT ou Wikipedia, vous en entendrez probablement parler si sur Arte, ni chez les propagandistes du second empire.

       
    • #3556210

      @Vladimir Vaxxine :

      Vos références sont Chat GPT et Wikipédia. On comprend que l’idiocratie a de beaux jours devant elle.

       
  • #3553457
    Le 15 août à 03:08 par Amie entends tu ?
    Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

    Jules Ferry et sa laïcisation de l’enseignement manquent ici à l’appel. Le Dr André Gernez, dans une intéressante et originale brochure "La Biologie de la Fonction Religieuse", attribue à ce retrait des jeunes générations de l’expérience du sacré, suite au remplacement du prêtre par l’instituteur de Jules Ferry, ni plus ni moins que la cause de la maladie d’Alzheimer, par calcification de la pinéale, progressant du cerveau limbique jusqu’aux centres néo-corticaux mnémoniques, en conséquence de l’absence d’expérience du sacré à la jeune adolescence, quand le cerveau installe cette fonction. Il compare ce phénomène à l’installation par le cerveau chez le nouveau-né de la vision, dans une fenêtre temporelle donnée, rt précise que si, au cours de cet intervalle de temps les yeux de l’enfant étaient couverts d’un bandeau opaque, jamais ensuite, il ne verrait correctement. Il y a une horloge d’installation des diverses fonctions au gré du développement du cerveau qui s’achève avant la trentaine.

     

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  • #3553520
    Le 15 août à 11:03 par Robert le Pieux
    Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

    Une volée de bois vert à l’encontre de cet article (ou de son auteur) dans les commentaires ...
    On y retrouve l’aigreur systématique du prétendu "prolo" contre l’intellectuel "bourgeois" parigot de surcroit !
    Même si effectivement nos ancêtres paysans ne bénéficiaient pas des "avancées" techniques de l’époque, pensez-vous que leurs descendants sont plus heureux de nos jours avec le machinisme hors de prix qui leur est imposé, et la "rentabilité" qui en découle ?
    Il s’agit de bien autre chose : gagner sa vie honnêtement sans perdre son âme à amasser des biens matériels inutiles qui nous asservissent encore plus.
    Cercle vicieux qui endort les consciences à tous les niveaux.

     

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  • #3554850
    Le 20 août à 13:31 par Saturnin Pompier
    Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente

    ​Édouard Drumont dit quelque part qu’il se voyait à la fin de sa vie avec ​un procès dans chaque tribunal et ​obligé de chercher refuge ​en Suisse. Je ne sais plus où il dit ça. Ça se trouve vers la fin d´un de ses ouvrages ​"La fin d´un monde​", ​"Le​ testament d´​un antisémite​" ou ​"La dernièr​e bataille​". Je laisse de côté "La France juive", parce qu´il n’est pas encore question de procès à ce stade. J’ai cherché, mais c’est compliqué de trouver dans des livres de plusieurs centaines de pages une citation de deux ou trois lignes.

    Je me souviens d’avoir lu ces phrases il y a peut-être une année en parcourant certains passages des livres mentionnés. Et j’avais pensé à Soral, évidemment. Je n’avais pas gardé la page et après je n’ai pas été capable de retrouver ces lignes. Mais je suis absolument certain de ce que je dis là. J’ai une bonne mémoire quant aux choses lues, mais j’arrive à perdre la trace de l’endroit exact où je les ai lues.

     

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