Avec plusieurs décennies de retard sur les Américains, la France se dote d’un programme de fabrication de drones militaires. En attendant, elle se résout à acheter des appareils à l’Oncle Sam, au prix de 20 millions de dollars l’unité. Ce qui est quand même moins cher qu’un Rafale (110 millions d’euros, sans les armements, à l’export).
Dassault, justement, prépare le drone de combat français. On peut alors légitimement se poser la question du poids de cette grande société dans la décision tardive d’entamer un programme de construction de drones français armés.
Quand on écoute le reportage de France Inter diffusé le 4 mars 2016 sur le sujet, on comprend le pourquoi d’un tel retard, qui a mené, entre autres, au drame d’Uzbin (10 morts et 21 blessés) en Afghanistan : avec une couverture aérienne assurée par un drone, nos soldats n’auraient pas été surpris. C’est cet événement qui a provoqué une prise de conscience dans l’état-major français.
Le reportage vidéo de l’émission est ici :
Pendant le début du mois de juillet 2015, le 20 Heures de France 2 a proposé une série de sujets sur l’armée française et ses composantes, dont celui-là, qui pointait le retard national en matière de drones, et le frein mis par la hiérarchie de l’Armée de l’Air :
Les drones de l’Armée de l’Air française
Base aérienne de Cognac, février 2016. C’est ici que se trouve l’escadron 1/33 Belfort, le seul escadron de drones de l’Armée de l’Air. À côté des pistes d’atterrissage, se trouve un enclos très sécurisé avec une grande parabole satellite et juste à côté, une sorte de préfabriqué. À l’intérieur, on découvre un poste de pilotage. Si l’endroit peut faire penser à un cockpit d’avion traditionnel, l’équipage pilote un drone. L’engin commandé d’ici survole actuellement le Mali, à plus de 4 000 kilomètres de Cognac.
Le lieutenant Philippe, officier de renseignement, décrit le poste du pilote, qui tient une sorte de joystick entre ses mains :
« Le pilote est responsable de la sécurité de l’appareil au même titre qu’un avion avec un équipage à bord. Il est non seulement en charge du pilotage de l’avion mais également du pilotage des caméras. »
Ce que filme le drone est ensuite transféré directement à la spécialiste de l’image qui se trouve à côté du pilote. Cette dernière scanne et compare, grâce à des cartes et des photos satellites, le terrain observé par le drone, pour détecter s’il y a eu des changements, par rapport aux autres jours, par exemple. Elle peut effectuer un arrêt sur image, si besoin, et faire ressortir des détails intéressants.
Derrière se trouve l’officier de renseignement, aussi appelé le "coordinateur tactique". C’est le chef d’orchestre de la mission :
« Ce poste est surnommé "Huston" car il y a des écrans un peu partout. Le coordinateur tactique reçoit le flux vidéo, ce qui est filmé par le drone. Il peut enrichir ces images de données, et communique en temps réel avec les structures de commandement. »
Ce dispositif permet de survoler à distance des zones de conflits. Depuis qu’on les utilise, les drones ont considérablement changé la nature même de la guerre sur le terrain. Autant les raids aériens sont épisodiques et donnent des moments de répit aux djihadistes. Autant avec ces engins au-dessus de leur tête, les mêmes djihadistes vivent sous une pression permanente...