Son nom est James Bond, on commence à le savoir. Mais pour combien de temps encore ? Les puristes des aventures de 007 pourraient lever quelques sourcils en avril, à la lecture de la nouvelle édition anglaise des romans de Ian Fleming (1908-1964). L’occasion de republier ces livres d’espionnage est merveilleuse, puisqu’il s’agit cette année du 70e anniversaire de la parution de Casino Royale, le premier roman à mettre en scène l’espion de Sa Majesté. Mais une formalité s’imposait, cependant, avant l’arrivée en librairie de ces ouvrages recomposés. Comme cela est désormais la coutume aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’éditeur a fait relire la prose de l’écrivain à des « sensitivity readers » , des relecteurs et consultants culturels censés débusquer les termes susceptibles de choquer le lectorat moderne. Et ils ont trouvé matière à dégainer.
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De manière générale, toutes les occurrences du mot « nègre » ont disparu des romans de Ian Fleming ; une retouche guère étonnante dans la mesure où ce terme raciste est désormais imprononçable dans les pays de langue anglaise, où l’on parle désormais de « mot en N ». Le terme est remplacé par « personne noire » ou « homme noir » dans la nouvelle édition du livre. […]
D’autres passages, toujours dans Vivre et laisser mourir, ont tout simplement été biffés du nouveau texte. Une réflexion de James Bond sur une bande de criminels passe de « ce sont des gars plutôt respectueux des lois, sauf quand ils ont trop bu » à juste « ce sont des gars plutôt respectueux des lois ». Une dispute entre un habitant de Harlem et sa copine, écrite par Ian Fleming avec les accents phonétiques de leur langue a également été omise.
Dans les autres romans, plusieurs qualificatifs raciaux ont été modifiés ou supprimés. Un barman noir devient barman, un gangster noir devient gangster, et ainsi de suite. Cependant, d’après le Telegraph, aucune des saillies tout aussi racistes qui touchent les autres personnes de couleur, comme les Asiatiques, n’a été retouchée. Idem pour les remarques homophobes. Bien entendu, un « trigger warning » d’usage – une « mise en garde » – complète ces parutions. « Cette édition a fait l’objet d’un certain nombre de mises à jour, tout en veillant à rester aussi proche que possible du texte original et de l’époque de l’action », indique l’une des premières pages de chaque réédition.
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