Fidèle à son franc-parler, le dirigeant a balayé d’un revers de la main les accusations d’un présentateur américain qui lui reprochait d’être trop complaisant à l’égard du président russe, préférant voir ce dernier comme un allié contre Daech.
« Je le respecte. En fait, je respecte beaucoup de gens, mais cela ne veut pas dire que je m’entends bien avec eux », a lancé Donald Trump, interrogé au sujet de ses relations avec Vladimir Poutine, lors d’une interview avec le présentateur de la chaîne américaine Fox News, Bill O’Reilly, qui sera diffusée en intégralité le 5 février.
« Poutine est un tueur », insiste ensuite le journaliste, dans un extrait de l’entretien diffusé sur Twitter le 4 février. Visiblement peu déstabilisé, le président des États-Unis enchaîne alors : « Il y a beaucoup de tueurs. Nous avons beaucoup de tueurs. Bon, vous pensez que notre pays est tellement innocent ? »
Assurant que Washington ferait « mieux » de s’entendre avec Moscou, Donald Trump a également déclaré : « Si la Russie nous aide dans le combat contre Daech, qui est un combat majeur, et le terrorisme islamique partout dans le monde, c’est une bonne chose. »
Watch Bill O’Reilly’s interview w/ Pres. @realDonaldTrump Sunday at 4p ET during the #SuperBowl pregame show on FOX. https://t.co/h6qG375hkH pic.twitter.com/4wZ01jYp1e
— Fox News (@FoxNews) 5 février 2017
Voici notre traduction en substance de cet échange pas très diplomatique, mais tout à fait jubilatoire, surtout si l’on imagine la tête du journaliste :
Est-ce que vous respectez Poutine ?
Je respecte Poutine.Pourquoi ?
Je respecte les gens mais ça ne veut pas forcément dire que je suis d’accord avec eux. C’est le dirigeant de son pays, et je dis qu’il vaut mieux se rapprocher de la Russie que le contraire. De plus la Russie nous aide dans le combat contre l’État islamique, il s’agit d’un combat essentiel contre le terrorisme islamique dans le monde entier, c’est donc une bonne chose.Mais Poutine est un tueur !
Parce que vous pensez que notre pays est aussi innocent ?
Ne soyons pas non plus innocents : si Trump se rapproche de la Russie, c’est d’abord parce que cela freine le rapprochement de la Russie et de la Chine, que cela entérine la nouvelle place de la Russie dans le concert des grandes nations, place qu’elle avait perdue dans les années 90, que la Russie est en train de s’imposer au Proche-Orient, la région aux équilibres fragiles, et que face à la géopolitique cohérente d’un Poutine, les États-Unis ne peuvent pas se permettre une géopolitique aussi ambiguë que fut celle de Barack Obama.
Le véritable indicateur de la réalité du nouvel axe Trump-Poutine, c’est le niveau de militarisation de la frontière occidentale de la Russie, via l’OTAN. Et donc l’épineux dossier ukrainien. Justement le président US vient de confirmer qu’il sera bien présent au G7 en Italie au mois de mai (les 26 et 27 en Sicile). Le grand sujet de discussion entre Européens et Américain sera l’avenir de l’OTAN, son budget et son utilité. Sans oublier le plan en cours de partition de la Syrie...