Dans son discours à l’ONU, le président turc a énoncé quelques vérités, tout en omettant sa responsabilité dans la déstabilisation de la Syrie, et en en profitant pour mettre la pression sur l’Arménie, qui est actuellement en conflit avec l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie.
« Le Conseil de sécurité de l’ONU a cessé d’être le garant de la sécurité mondiale, devenant le lieu de l’affrontement des stratégies politiques de cinq pays. »
Le Président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdoğan lors de son discours à l'ONU :
"Notre affirmation selon laquelle le monde est plus grand que 5 [ est renforcée par le constat que ]
Le Conseil de sécurité de l'ONU a cessé d'être le garant de la sécurité mondiale,… pic.twitter.com/Mc0veJolxi— Anadolu Français (@aa_french) September 19, 2023
Rappel : la Charte des Nations unies « confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Conseil compte 15 membres disposant chacun d’une voix ». En réalité, ce sont les 5 membres permanents qui y font la loi. Les autres font de la figuration.
Erdoğan a quand même osé ça :
« Nous sommes fatigués de l’hypocrisie de ceux qui utilisent Daech et ses semblables comme paravent pour leurs propres intérêts en particulier en Syrie et en Irak. »
« Les pays qui continuent à coopérer avec des organisations terroristes pour leurs propres intérêts n’ont pas le droit de se plaindre du terrorisme. »
Quand on sait que les mercenaires de Daech passaient par la Turquie pour aller se battre contre l’armée d’Assad...
Mais l’essentiel de son intervention est ici :
« Nous devons rapidement restructurer, sous la direction des Nations unies, les institutions chargées d’assurer la sécurité, la paix et la prospérité du monde. »
C’est clairement un appel à la reconnaissance de la contre-puissance des BRICS. Les puissances montantes frappent à la porte jusqu’à présent bien gardée des puissances occidentales, Chine exceptée.
Le Conseil de sécurité, qui réunit les 5 grands (USA, Russie, Chine, France et GB) a clairement failli dans sa tâche, sauf si bien sûr la guerre contre la Russie, pour ce qui concerne l’entité anglo-américaine, suivie par le toutou français, est le programme.
Se plaçant au centre du Grand Jeu, entre l’OTAN et les BRICS, Erdoğan se permet d’enfoncer le clou sur Israël, ce qui rappelle son discours clairement antisioniste lors du sommet des 50 pays musulmans à Istanbul, en décembre 2017 :
« Une paix durable au Moyen-Orient n’est possible que par un règlement définitif du conflit israélo-palestinien. »
« Sans la fondation d’un État palestinien indépendant (...) sur la base des frontières de 1967, Israël trouvera difficilement la paix et la sécurité qu’il recherche. »
Il avait qualifié Israël d’« État terroriste », et « tueur d’enfants » !
Cela ne l’a pas empêché, 6 ans plus tard, de serrer la main du terroriste Netanyahou ! Mais ça, c’est de la realpolitik, ou plutôt de la realeconomik, car derrière cette poignée de mains, il y a l’exploitation conjointe des champs gaziers de la Méditerranée !
Lui dont le pays a tenté de profiter de la déstabilisation de la Syrie (et de la Libye), a lancé un appel à la fin de l’ingérence des grandes nations au Sahel :
Le Président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdoğan lors de son discours à l'ONU :
" De la Syrie à l'Afrique du Nord en passant par la région du Sahel, le terrorisme devenu un instrument des guerres par procuration provoque des dégâts irréparables au climat… pic.twitter.com/51ez5vqISp
— Anadolu Français (@aa_french) September 19, 2023
Le franc-parler d’Erdoğan, qui reste quand même très nationaliste, est le signe d’un changement dans les relations internationales, autrefois contrôlées par les puissances occidentales. Nul doute que le discours du leader de l’AKP va donner des idées à Modi, Lula et compagnie.