Lettre ouverte à Jean François COPE et Christian ESTROSI
Messieurs,
Nous apprenons que vous êtes les invités de l’association France Israël le 19 novembre prochain pour un dîner de soutien à Israël avec Moshe Ya’alon comme invité d’honneur. Savez-vous vraiment avec qui vous allez dîner ? Moshe Ya’alon est aujourd’hui vice premier ministre du gouvernement le plus extrémiste d’Israël dans lequel il est chargé des questions stratégiques. Le « Programme pour la justice internationale et la responsabilité » de Amnesty International USA mentionne à la rubrique Ya’alon : « Moshe Ya’alon est accusé d’être responsable de crimes de guerre, d’assassinats extra-judiciaires, de crimes contre l’humanité, et de traitements ou punitions cruels inhumains ou dégradants en relation avec la mort d’une centaine de civils dans le bombardement d’une base de l’ONU à Cana en 1996 ». Le 18 avril 1996, alors qu’il dirige le département des renseignements de l’armée, 38 obus d’artillerie sont lancés sur une base de l’ONU, dans le village de Cana au Liban où se sont réfugiés 800 villageois, et tuent 106 civils. Ce qui en fait un des responsables de ce crime de guerre aux termes de la 4e convention de Genève. La plainte déposée contre lui par les familles des civils à la cour fédérale américaine de Washington lui vaut un ordre de comparution, celui que l’on appelle « Le boucher de Cana » refuse de se présenter. Entre 2002 et 2005 en tant que chef d’État Major il décide et conduit une politique d’assassinats extra judiciaires considérée comme crime de guerre par la norme internationale : Ainsi le 22 juillet 2002 il ordonne l’assassinat de Salah Shehadeh membre du Hamas, et fait envoyer une bombe d’une tonne sur l’immeuble de Rafah où il réside avec sa famille dans une zone surpeuplée de la bande de Gaza : 14 morts civils dont 9 enfants sans parler des 150 blessés « collatéraux » : 2e crime de guerre pour bombardement d’un quartier peuplé de civils. Idem avec en mars 2004 le Cheikh Ahmed Yassin tué à la sortie de la mosquée par un missile avec 7 autres personnes, puis en avril 2004 Abdel Aziz al Rantissi, et en octobre 2004 Adnane Alghoul, Sur ces faits la cour de justice espagnole exerçant la compétence universelle ouvre une enquête contre sept responsables politiques israéliens dont Ya’alon, pour crime de guerre, elle s’interroge même sur la qualification en crime contre l’humanité pour l’assassinat des civils de juillet 2002 autour de Shehadeh. Dans un interview avec Ari Shavit le 27 aout 2002 dans Ha’aretz il déclare : « Les caractéristiques de cette menace (palestinienne) sont dissimulées, comme celles d’un cancer... Certains estiment qu’il est nécessaire d’amputer, pour le moment j’en suis au stade de la chimiothérapie. » Lors d’un rassemblement de son parti le Likoud il déclare en aout 2009 : « Notre problème c’est le virus de « La Paix Maintenant » ou si vous préférez des élites, dont les nuisances sont très grandes. De mon point de vue les juifs doivent vivre sur toute la terre d’Israël (le grand Israël) pour l’éternité. » Le journal Ha’aretz du 28 octobre 2009 explique que dans un interview à Galeï Tsahal (la chaîne de radio de l’armée) Ya’alon a déclaré que dans le cadre des menaces de poursuites judiciaires contre les officiers de l’armée anciens ou actuels « il était prêt à renoncer à des visites dans les capitales européennes pour garantir à Tsahal sa liberté d’action, et que ce ne serait pas une grande perte ». Alors que Ya’alon, comme il le dit lui même, ne peut se rendre aujourd’hui sans risque dans une quelconque capitale européenne, des élus et ministres français de la République ne peuvent participer à ce qui constituerait une véritable complicité de crime et une opération de réhabilitation de « l’image d’Israël » après le carnage perpétré au début de l’année à Gaza. Rappelons que le rapport Goldstone accuse Israël de crimes de guerre et possibles crimes contre l’humanité lors de l’opération « Plomb Durci ». La campagne BDS France vous demande instamment de refuser de vous commettre dans ce diner. Elle vous demande de tout faire au contraire pour que la France prenne toute sa place dans la recherche de la vérité sur les crimes de guerre et pour que la justice s’applique, conformément au rôle qu’elle souhaite jouer en faveur de la paix et la stabilité dans la région.
Campagne BDS France