Pour les uns, c’est une nouvelle provocation honteuse et condamnable. Pour les autres, une simple interrogation sur le processus mental d’un tueur de masse. Le polémiste Dieudonné défraye une nouvelle fois la chronique. Selon nos confrères du Parisien, l’ami de l’essayiste Alain Soral et ancien acolyte d’Élie Semoun, aurait envoyé un courrier en octobre 2017 à l’adresse du seul survivant des commandos du 13-novembre, Salah Abdeslam.
On savait déjà que le djihadiste recevait régulièrement des lettres d’admiratrices, ce qui a le don d’irriter la conscience collective. Mais cette fois, c’est bel et bien de l’humoriste sulfureux qu’il reçoit, non pas les éloges – il n’a pas osé aller dans de telles extrémités – mais bel et bien une demande d’entretien en face à face. Ce qui dérange. Dieudonné s’est parfois montré très ambigu face au traitement médiatique des attentats. Au lendemain de l’attaque sanglante à la rédaction de Charlie Hebdo, qui a décimé une grande partie de l’équipe du célèbre journal satirique, et de l’HyperCasher de la Porte de Vincennes, il avait raillé l’élan de solidarité national et avait ainsi écrit sur les réseaux sociaux : « En ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly ». Cette apparente connivence avec celui qui a tué cinq personnes en janvier 2015 avait déclenché une vive polémique et la Justice lui avait infligé une peine de deux mois de prison avec sursis et une amende de 10 000 euros.
Condamnation que Dieudonné se serait empressé de rappeler à Salah Abdeslam dans son courrier, histoire, probablement, d’attirer sa sympathie, ou du moins son attention. À celui qui vit dans une minuscule cellule dans le quartier ultra-sécurisé de la prison de Fleury-Mérogis, le comique de 51 ans explique sa démarche, usant d’un ton courtois et du vouvoiement sur une page dactylographiée. Il lui confie plancher sur un ouvrage, qu’il co-signera avec deux autres auteurs, intitulé « Comment arrêter les attentats ? » Voilà ce qu’il présente au terroriste présumé :
« Nous ne voulons pas parler des actes qui vous sont reprochés. Ce qui nous intéresse est de comprendre votre état d’esprit et les raisons qui vous ont poussé à agir ».
Mais c’est dans la suite de son propos qui fait enrager les parties civiles. Dieudonné écrit en effet : « La violence est un mode d’expression qui surgit quand tous les autres ont échoué : l’attentat a pour but d’envoyer un message fort qu’on ne peut transmettre autrement ». Une interprétation très personnelle qui semble totalement légitimer les actes criminels commis.