Est-ce faire œuvre éducative que de diffuser Tomboy aux enfants d’école primaire ? Les commissions du ministère de l’Éducation nationale l’ont estimé ; mais leur point de vue est critiquable. Il omet qu’un questionnement, aussi vivifiant soit-il pour la réflexion des adultes, n’est pas applicable aux enfants et adolescents. L’enfant n’est pas un adulte en miniature, et il s’impose de tenir compte des besoins propres à son développement psychologique et affectif.
[...] Le film est moins orienté vers une compréhension psychologique que vers une thèse dont la cinéaste n’a pas caché l’intention : la société actuelle, intolérante à la diversité des inclinations dites « de genre », les réprime. C’est donc une thèse idéologique qui est déployée, qu’une société adulte peut entendre et discuter.
Mais sa présentation auprès d’enfants est critiquable. Pour eux, être garçon ou fille, c’est une constitution corporelle, incontournable donne de départ, qu’il s’agit d’agencer avec cette autre, tout aussi fondatrice : les attentes de ses parents qu’il soit leur fils / leur fille. S’approprier son corps sexué en l’intégrant au devenir filiatif, tel est l’horizon d’un développement affectif, à cet âge captivé par l’envie de combler au mieux les parents.
La rêverie est certes banale chez l’enfant, de s’imaginer être de l’autre sexe, ou bien d’être d’une autre famille ; mais c’est sur la base d’une réalité qu’il sait intangible au départ, réalité de son corps comme celle des parents dont il est issu, avec laquelle il lui faut en définitive se construire. La rêverie est alors le gage d’une liberté que la vie imaginaire lui procure, s’évadant de la réalité, qui lui demeure un socle. À cet égard, les images du film Tomboy embarrassent la méditation enfantine, au risque de la piéger. Elles invalident la rêverie en imposant une thèse : l’évasion imaginaire vaudrait “pour de vrai” comme disent les enfants, elle serait une vérité brimée de Laure, un destin dont elle serait dépossédée, sans plus de référence ni à son corps propre (dont la sexuation intervient néanmoins dans le film, mais de manière brutale) ni à ses parents (la réaction sèche de la mère dépeignant des adultes intolérants). Des enfants et jeunes adolescents devraient être protégés d’une telle approche idéologique.
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