L’Union européenne est mise en difficulté à cause des milliers de migrants qui rejoignent la Macédoine et la Serbie.
Des milliers de migrants, notamment des réfugiés syriens, traversaient ce dimanche 23 août la Macédoine et la Serbie en direction de l’Europe occidentale. Cette crise risque, selon le ministre italien des Affaires étrangères, de faire perdre son « âme » à l’Union européenne.
Après avoir été retenues pendant plusieurs jours à la frontière gréco-macédonienne, plus de 6 000 personnes, selon les chiffres de la Croix-Rouge locale, sont parvenues depuis samedi dans le sud de la Serbie.
Dans le village de Miratovac, à la frontière serbo-macédonienne, ces migrants étaient pris en charge par les autorités locales et des équipes du haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Dans un campement composé de huit grandes tentes, des vivres leur sont distribués. Ils sont épuisés et beaucoup d’entre eux demandent des soins médicaux. Il y a de nombreux enfants et femmes enceintes, a rapporté un photographe.
Ces migrants sont ensuite transférés par autobus dans la ville voisine de Presevo, où ils se voient délivrer les documents leur permettant de poursuivre leur périple vers Belgrade et le nord de la Serbie, frontalier de la Hongrie, pays membre de l’UE. La Hongrie est elle en train de construire une clôture de quatre mètres de haut et 175 km de long, à sa frontière avec la Serbie, pour empêcher les migrants de passer sur son sol.
« Nous avons travaillé toute la nuit pour les accueillir. Et ils continuent à affluer » en provenance de Gevgelija, à la frontière gréco-macédonienne », a déclaré Amet Alimi, un responsable de la Croix-Rouge à Presevo. Un autre millier de personnes y attendaient dimanche le départ des trains qui les conduiront vers la Serbie, a constaté une journaliste. Certains négociaient avec les chauffeurs de taxis les prix pour faire ce trajet d’environ 180 kilomètres.
État d’urgence maintenu
Dans la matinée, quelque 500 personnes, selon la police grecque, ont traversé sans entrave la frontière en passant par un no man’s land entre le village grec de Idomeni et Gevgelija, où plusieurs milliers de personnes avaient été retenues entre jeudi et samedi, a rapporté un journaliste. Quelque 400 autres attendaient en milieu de journée la permission de la police macédonienne pour passer.
Skopje a décrété jeudi l’état d’urgence et dépêché dans cette zone frontalière des forces de police et l’armée pour contenir le flux de migrants. Le passage avait été interdit pendant 24 heures, avant une reprise au compte-gouttes qui a provoqué des tensions. Samedi, un millier de migrants ont débordé le cordon policier et ont pénétré en Macédoine. Peu après, la police a décidé de laisser passer tous les migrants.
Le gouvernement macédonien, qui a accusé les autorités grecques de diriger de façon organisée les migrants vers la Macédoine, affirme que l’état d’urgence continue à être en vigueur. Avant le passage de cette dernière vague, les autorités macédoniennes ont enregistré l’entrée dans le pays depuis le 19 juin de 42 000 migrants, dont plus de 7 000 enfants.
L’Italie appelle à une solution
Sur une autre voie de migration vers l’Europe, quelque 4 400 personnes ont été secourues samedi en mer Méditerranée dans une vaste opération coordonnée des garde-côtes italiens. Trois nouvelles opérations ont été lancées dimanche.
Le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, s’est dit inquiet de cette aggravation de la crise migratoire et a déclaré que l’Europe risquait de montrer « le pire d’elle-même » en matière d’immigration. Il a déploré l’« égoïsme, les prises de décisions hasardeuses et les disputes entre les États membres ».
« Aujourd’hui, c’est sur cette question (de l’immigration, ndlr) que l’Europe soit redécouvrira son âme soit la perdra pour de bon », a-t-il asséné, dans une interview publiée dimanche par le quotidien romain Il Messaggero. Il a exhorté les partenaires européens à commencer à travailler sur une solution commune à la crise.