La Chine poursuivait lundi l’évacuation de milliers de ses ressortissants du Vietnam, théâtre de violentes émeutes antichinoises la semaine dernière, Pékin ayant suspendu une partie de ses échanges avec Hanoï et affirmant envisager d’autres mesures de rétorsion.
Un premier navire de transport de passagers, le Wuzhishan, a quitté le port vietnamien de Vung Ang, au Centre-Nord du pays, rapatriant 989 personnes à son bord, a rapporté l’agence Chine nouvelle.
Un autre navire de capacité similaire lui a succédé lundi et a mis le cap vers le port de Haikou, capitale de l’île tropicale chinoise de Hainan, a précisé l’organe de presse d’Etat.
Deux autres ferries devaient plus tard dans la journée poursuivre la même rotation, chacun rapatriant du Vietnam environ un millier de passagers.
Enfin de retour, ont confié des ouvriers soulagés à Chine nouvelle, après avoir réchappé aux émeutes antichinoises les plus violentes au Vietnam depuis des décennies.
Des rapatriements par avion, et notamment des rapatriements sanitaires aériens pour les Chinois blessés lors des manifestations, étaient également en cours, a indiqué lundi le ministère chinois des Affaires étrangères.
L’éruption de violences antichinoises au Vietnam, qui a duré plusieurs jours, est intervenue après que Pékin a installé une plate-forme de forage dans une zone de la mer de Chine méridionale dont les deux pays se disputent la souveraineté.
Au moins deux Chinois sont morts et plus de 130 autres ont été blessés, tandis que des usines contrôlées par des capitaux étrangers, chinois mais aussi taïwanais, coréens ou singapouriens, ont été détruites par les émeutiers.
Mais dimanche les autorités vietnamiennes ont tenté d’enrayer la détérioration de la situation, en déployant en masse des forces de l’ordre pour étouffer dans l’oeuf de nouvelles manifestations antichinoises.
Sans doute Hanoï a-t-il pris en compte le risque croissant d’un ébranlement de la confiance des investisseurs étrangers dans le pays, qui compte beaucoup sur les capitaux extérieurs.
La Chine avait au terme du week-end déjà évacué plus de 3 000 de ses ressortissants, selon les médias officiels chinois. Des voyagistes chinois ont par ailleurs suspendu leurs circuits dans le pays.
Ainsi, Ctrip - premier site chinois de réservation de voyages sur internet - a proposé à ses usagers ayant prévu un déplacement sur cette destination de reporter leur voyage, tout en assurant que ceux qui ont déjà effectué des réservations pourraient être remboursés.
Après avoir accusé Hanoï de connivence avec une partie des émeutiers et d’avoir laissé libre cours aux violences, Pékin a annoncé dimanche la suspension de plusieurs programmes d’échanges bilatéraux.
"Nous envisageons de prendre d’autres mesures en fonction de l’évolution de la situation", a prévenu lundi Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Pékin revendique une souveraineté inaliénable sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, où Hanoï et Pékin se disputent notamment les archipels des Paracels et des Spratleys.
Situés au coeur de routes maritimes internationales, ces archipels ont des fonds supposés être riches en hydrocarbures.
La Chine et le Vietnam se sont affrontés dans une bataille navale en 1974 qui avait causé la mort d’une cinquantaine de Vietnamiens.
A l’issue de ce conflit, Pékin avait pris le contrôle des Paracels, aggravant ainsi l’animosité historique entre les voisins communistes, tous deux imprégnés d’un fort sentiment nationaliste.