Près de cinquante millions de compteurs Linky – pour l’électricité – et Gazpar – pour le gaz – sont censés, à terme, équiper les foyers français. Dits « intelligents », ils transmettent les informations de consommation dans l’objectif officiel d’améliorer l’efficacité énergétique. Mais ils sont vivement contestés au nom de la santé et de la liberté, et plusieurs communes refusent de les installer.
À Badefols-sur-Dordogne (Dordogne), les compteurs Linky ne sont pas les bienvenus. Les conseillers municipaux de ce village de 220 habitants ont refusé leur installation à l’unanimité, principalement dans un « souci de protection de la santé des habitants, à commencer par celle des enfants », comme le précise le compte-rendu de la délibération.
Martin Slaghuis, le premier édile (EELV), se montre pragmatique : « Beaucoup d’administrés nous ont alerté. Il y a un flou artistique et aucune raison pour faire ces installations, alors le conseil municipal a suivi les habitants. Quand on voit que quelque chose fonctionne, pourquoi le changer alors que cela coûte très cher ? » Et il n’est pas le seul à se poser des questions sur les compteurs communicants d’électricité ou de gaz. De la Bretagne à la Gironde en passant par la Seine-et-Marne et les Alpes-Maritimes, au moins douze autres communes ont déjà pris la même décision.
En effet, les compteurs d’électricité sont la propriété des collectivités territoriales, comme nous l’a confirmé ERDF (Électricité réseau distribution France), dont la mission est d’entretenir les équipements. De même, pour déployer le futur compteur de gaz Gazpar, GRDF (Gaz réseau distribution France), propriétaire de la majorité des compteurs, doit installer un concentrateur en hauteur. La société a, pour ce faire, souvent besoin de l’accord des communes. Ces dispositions légales pourraient ralentir le processus de remplacement des compteurs, pourtant lancé à marche forcée. Ce que les distributeurs n’avaient pas vraiment prévu.