La Roumanie a connu mercredi soir des manifestations antigouvernementales d’une ampleur inédite depuis la chute du communisme, mobilisant des dizaines de milliers de personnes contre un assouplissement de la législation anticorruption, également critiquée à l’étranger.
Aux cris notamment de « voleurs », « honte à vous », « démission », les manifestants étaient au moins 200.000 à travers le pays, dont la moitié à Bucarest, rassemblés durant près de cinq heures dans un froid glacial, face au siège du gouvernement.
En l’absence de chiffres des autorités, plusieurs médias nationaux ont estimé qu’il s’agissait des plus importantes manifestations depuis la révolution roumaine de décembre 1989 et l’année de turbulences politiques qui avait suivi.
Le nombre de manifestants a été évalué jusqu’à 300.000 dans toute la Roumanie. Les grandes villes de Cluj, Sibiu ou Timisoara se sont également mobilisées, tout comme des localités de taille plus modeste.
« Il était temps que les gens se réveillent et cessent d’accepter autant d’abus », a confié à l’AFP Daniela Crangus, une informaticienne de 31 ans, dans la manifestation de Bucarest.
Dans la capitale, le rassemblement s’est achevé par des incidents. Les forces de l’ordre ont essuyé des jets de pétards, de pierres, de bouteilles de la part de groupes isolés et ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Deux gendarmes et deux manifestants, légèrement blessés, ont été transportés à l’hôpital.
L’adoption surprise, mardi soir, d’un décret d’urgence qui pourrait mettre les hommes politiques à l’abri de certaines poursuites avait déjà fait descendre en pleine nuit des milliers de Roumains dans la rue, à peine un mois après l’entrée en fonction du gouvernement de Sorin Grindeanu.