Des ONG veulent qu’un juge contraigne la multinationale française des yaourts et bouteilles d’eau Danone à s’affranchir de sa dépendance au plastique qui échoue souvent dans la nature, dans une assignation consultée ce lundi par l’AFP.
ClientEarth, Surfrider Foundation Europe et Zero Waste France demandent que Danone soit condamné à planifier une « trajectoire de déplastification », ou sortie du plastique, jugeant ses efforts insuffisants.
Les organisations lancent cette procédure en France sur la base d’une loi de 2017, sur le « devoir de vigilance », qui oblige les grandes entreprises françaises à s’assurer du respect des droits humains fondamentaux et de l’environnement jusque chez leurs fournisseurs du monde entier.
Le premier d’une plus longue liste de pollueurs
Danone avait d’abord été mis en demeure, fin septembre, par la coalition d’ONG, en même temps que huit mastodontes de l’agroalimentaire et de la distribution (Auchan, Carrefour, Lactalis…).
La coalition n’a assigné que Danone, étape de la procédure qui ouvre la voie à une audience devant le tribunal judiciaire de Paris. Danone ouvre le bal, disent les ONG, notamment parce que le groupe ne mentionne pas la pollution plastique dans son « plan de vigilance », alors qu’il figure parmi les dix plus gros « pollueurs plastiques » au monde, derrière Coca Cola, Pepsico ou Nestlé, selon le mouvement « Break free from plastic ».
Danone s’est dit « très surpris » par la démarche, dans une réaction à l’AFP. La société, qui produit notamment les yaourts du même nom et des eaux en bouteille (Volvic, Évian ou Aqua en Indonésie), s’estime « depuis longtemps reconnue comme une entreprise pionnière dans la gestion des risques environnementaux ». La société affirme mettre en œuvre un « cadre complet d’actions visant à réduire l’utilisation de plastique, développer le réemploi, contribuer au renforcement des filières de collecte et de recyclage pour que le plastique reste en dehors de la nature et développer la recherche sur les matériaux alternatifs ».
Traiter le problème à la source
Danone, qui compte 100 000 salariés et enregistre plus de 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, a utilisé près de 751 000 tonnes de plastique en 2021, d’après son dernier rapport annuel. Le groupe s’est fixé comme objectif de concevoir des emballages « 100 % recyclables, réutilisables ou compostables » d’ici à 2025.
Les ONG lui reprochent de miser sur le recyclage de ses emballages plutôt que de traiter le problème à la source en réduisant son recours au plastique, au profit de bouteilles consignées, par exemple. Plus largement, les militants demandent que cessent les « atteintes environnementales extrêmement graves » qui découlent de ses activités.
L’action Danone perdait 1,66 % en fin de matinée, ce lundi.
Pour les membres actifs des ONG, le monde n’est pas bien compliqué. Il y a les gentils, eux, et les méchants, ceux auxquels ils décident de s’en prendre. Dans le cas présent, les gentils veulent que cesse la pollution (c’est louable) et donc ils s’en prennent à ceux qui fabriquent les éléments qu’ils ne veulent plus retrouver dans la nature. En l’occurrence le plastique.
Pour faire responsable, radical, on dit qu’ils veulent traiter le problème à la racine. On voit à la campagne, sur le bord des routes, surtout des bouteilles et canettes de bière, des paquets vides de cigarettes et des mégots, sans parler des emballages de McDo, même quand le premier « resto » est à plus de vingt bornes. Mais là on ne les entend pas demander l’arrêt de la junk food, du tabac et de la bière. C’est qu’on n’en parle pas à la télé, qui ne traite que des grands problèmes, qui inspirent les écolos : la pollution de plastique, par exemple, que les gyres concentrent dans les océans sous l’appellation sensationnaliste de « continents de plastique ».
Et c’est ainsi que les cotons-tiges en plastique ont été interdits, la « tige » étant maintenant en carton. En l’occurrence, pourquoi pas, même si c’est moins pratique et que les prix ont immédiatement augmenté. Mais, dira-t-on, comment vos cotons-tiges pouvaient-ils bien se retrouver dans l’océan, à polluer et enlaidir le monde ? Nos poubelles, à de rares exceptions près, ne finissent pas dans la nature. Eh bien oui, en effet. Mais ce n’est pas le cas partout. Ce sont les Occidentaux qui sont montrés du doigt (par d’autres Occidentaux, les gentils), eux qui doivent faire acte de contrition, mais les vrais responsables sont ailleurs. Loin.
Voici la carte des dix fleuves qui charrient à eux seuls autour de 90 % des plastiques qui pollueront l’océan global. Deux fleuves en Afrique et huit en Asie…
Les images parlent d’elles-mêmes.
Des services municipaux en Inde, peut-on imaginer, en train de gérer les déchets de la ville :
Un oued marocain attend la crue qui « nettoiera » son lit et polluera l’Atlantique ou la Méditerranée :
En Asie (à voir sur YT) :
Nos écolos aux petits bras choisissent des combats qu’ils peuvent mener : exercer un pouvoir de nuisance comme idiots utiles. Après la mairie de Paris qui porte plainte contre TotalEnergie, voilà des ONG (pas vraiment nées en France) qui tentent de démolir une autre entreprise française en pointe dans son domaine. On aimerait les voir manifester et porter plainte au Maroc, en Inde ou aux Philippines, pour le plaisir des yeux…
Soit dit en passant : considérer comme responsable d’un déchet dans la nature celui qui l’a fabriqué plutôt que celui qui l’a jeté, n’est-ce pas un peu prendre ce dernier et tous ses semblables, pour des irresponsables, des gens incapables d’appréhender les problèmes et à s’en saisir ? Un petit relent de racisme, peut-être ?