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Les stéréotypes sexistes infiltrés jusque dans les muséums d’histoire naturelle : les mâles oiseaux et mammifères sont surreprésentés dans leurs collections, ce qui est susceptible de biaiser les recherches menées à partir des ces spécimens, révèle une étude mercredi.
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Pourquoi cette démarche inédite ? « Nous nous intéressions aux préjugés de genre dans le milieu scientifique, où il y a par exemple une surreprésentation de chercheurs hommes blancs aux postes haut gradés. Aussi trouvions-nous intéressant de voir si ce biais masculin se retrouvait dans les collections des musées », explique Natalie Cooper, chercheuse au muséum d’histoire naturelle de Londres et auteure principale de l’étude publiée dans Proceedings of Royal Society B.
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Sur le vaste échantillon analysé, quand le sexe est identifié, 40 % des oiseaux et 48 % des mammifères, en moyenne, sont des femelles. Ce pourcentage varie en fonction des classifications, et s’avère particulièrement faible dans de nombreux nombreux cas, comme certains passereaux (9,7 % de femelles), gobemouches noirs (11,5 %), chauve-souris (9,9 %), ovins (24 %), belettes (24 %)... Autre exemple : moins de 40 % des artiodactyles (famille des ongulés) sont des femelles, alors que dans les populations sauvages, elles sont majoritaires.
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« En ignorant les femelles, nous n’avons pas un tableau complet du vivant ; or cela est essentiel pour prédire, entre autres, comment la taille des corps pourrait répondre au changement climatique », souligne Natalie Cooper. « Regardez comment les femelles animaux sont considérées comme chastes, soumises aux mâles, sans contrôle de leur accouplement. Cela reflète des stéréotypes de genre chez les humains au XIXe siècle, pas la réalité dans la nature », fait-elle valoir.
Au XIXe siècle, les personnes chargées des collections dans les musées étaient « pour l’essentiel des hommes ». Et si la sociologie a changé depuis, « cela ne s’est pas reflété dans les collections », déplore-t-elle. […]
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La photographie d’illustration montrant l’activité sexuelle de diptères ne sert pas qu’à dépeindre les recherches ici présentées, mais aussi à pointer du doigt une caractéristique fort répandue dans le monde animal : le dimorphisme sexuel, autrement dit, les différences morphologiques existant entre les sexes, parfois infimes, souvent importantes, voire spectaculaires.
Si vous êtes un explorateur du XIXe siècle à la curiosité naturaliste et que vous devez rapporter de vos pérégrinations plus ou moins exotiques des spécimens avec des contraintes de place, vous allez évidemment, si le choix vous est permis, vous orienter vers le beau et le spectaculaire, autrement dit vers des mâles, bien souvent. Pour la chercheuse de gôche du début du XXIe siècle, c’est parce que l’explorateur était un homme…
Quelques banals exemples de dimorphisme sexuel :