La coalition dirigée par les États-Unis a considérablement réduit l’intensité de ses frappes aériennes en Irak en septembre, d’après l’armée russe, alors que des terroristes bien armés continuent d’arriver en Syrie depuis l’Irak.
Au moment où les troupes syriennes soutenues par l’aviation russe poursuivent une opération contre les terroristes de Daech près de la ville de Mayadine, à l’ouest du province de Deir ez-Zor, l’armée russe constate une résistance « soutenue » des djihadistes dans la vallée de l’Euphrate. Dans un communiqué diffusé le 10 octobre, le ministère de la Défense note que les terroristes continuent de recevoir des renforts à Mayadine quasiment chaque jour.
« Les combattants [de Daech] arrivent dans des blindés et des fourgonnettes avec des armements de grand calibre et bien équipés », a déclaré le porte-parole de l’armée russe Igor Konachenkov, dans un communiqué, ajoutant qu’il y avait beaucoup de mercenaires étrangers dans les rangs des nouveaux arrivants.
Selon les estimations publiées par Moscou la semaine dernière, plus de 90 % du territoire syrien ont déjà été repris aux terroristes. Ces derniers jours, l’aviation russe porte jusqu’à 150 frappes quotidiennes sur les positions des djihadistes dans la province de Deir ez-Zor.
« L’aviation russe a réussi à détruire l’infrastructure économique de Daech en Syrie », souligne le porte-parole. « Daech n’a pas de sources de financements en Syrie pour l’achat d’armements et de munitions ni pour recruter des mercenaires », a-t-il poursuivi.
Le militaire a par contre noté que les territoires occupés par Daech en Irak, où l’aviation russe n’intervient pas mais où opère la coalition internationale, continuent d’augmenter. « L’apport continu, depuis l’Irak, de ressources pour les terroristes provoque chez nous des interrogations sérieuses sur les objectifs des opérations contre les terroristes menées dans la région par l’aviation des États-Unis et la coalition internationale », a souligné Igor Konachenkov.
Des actions qui « méritent une explication »
Effectivement, le ministère russe a noté qu’après le début de l’opération des troupes syriennes soutenues par l’aviation russe pour libérer Deir ez-Zor en septembre, la coalition internationale avait drastiquement réduit l’intensité de ses frappes en Irak. Selon les données citées par Igor Konachenkov, il s’agit de « quelques frappes par jour », soit presque cinq fois moins qu’en Syrie. Une mesure qui « coïncide de manière bizarre », aux yeux du porte-parole, avec l’arrivée de vastes renforts de Daech vers Deir ez-Zor depuis les régions frontalières de l’Irak.
« La coalition menée par les États-Unis qui fait semblant de combattre Daech en Irak voit tout ça, mais pour une raison quelconque continue de soi-disant combattre activement Daech en Syrie », a déclaré le représentant de l’armée russe.
« Les actions du Pentagone et de la coalition méritent une explication. Est-ce que leur changement de priorité est un désir de compliquer autant que possible les opérations de l’armée syrienne, soutenue par l’aviation russe, pour la libération du territoire syrien à l’est de l’Euphrate », poursuit-il. « Ou est-ce un moyen habile pour libérer l’Irak des terroristes de Daech en les faisant aller sur les routes précisément bombardées par l’aviation russe ? », s’est-il interrogé.
Les djihadistes, qui contrôlent toujours plus de la moitié de la province de Deir ez-Zor, font face à deux offensives distinctes. D’un côté, les forces syriennes, présentes sur la rive ouest de l’Euphrate, ont repris le nord-ouest de la province et progressent désormais en direction du sud-est avec le soutien de l’aviation russe.
De l’autre, une coalition de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington progresse depuis le nord de la province, descendant en direction de la ville de Deir ez-Zor, sans toutefois s’en approcher trop.
Depuis le début de l’intervention militaire russe en Syrie en septembre 2015, Moscou a à plusieurs reprises accusé les États-Unis de soutenir Daech ou la branche syrienne d’Al-Qaïda, l’ancien Front Al-Nosra et actuel Front Fateh al-Cham, et demandé à Washington de « cesser de faire des avances aux terroristes ».