« Qui écrit les dépêches ? D’où sont-elles envoyées ? Le fonctionnement interne d’Amaq reste assez mystérieux malgré quelques témoignages de soldats de l’EI qui ont fait défection. On sait qu’il s’agit d’une organisation importante pour le groupe djihadiste, qu’elle est dotée de gros moyens et qu’elle est considérée comme cruciale par les chefs de l’organisation terroriste. »
C’est seulement à la fin de cet article étrange du quotidien Ouest-France que commence à pointer le doute. Plus intéressant aurait été de commencer par là, et de développer une chaîne logique. Ce que fait Panamza depuis le déclenchement des opérations de terreur en France, en janvier 2015.
Par exemple, lors du double assassinat de Marseille, Hicham Hamza a été tout simplement chercher quelles étaient les premières sources qui annonçaient la revendication de Daech ou de l’État islamique. Voici ce qu’il écrit sur son blog :
« Dimanche 1er octobre, aux alentours de 22h57, la presse française en ligne a rapporté la prétendue "revendication" de "l’attentat" de Marseille par le groupe Daech.
Premier compte Twitter à rapporter – dès 22h23 – cette pseudo-revendication : celui de Roi Kas, journaliste israélien salarié par un patron de presse lié au Premier ministre Benyamin Netanyahou.
Second compte Twitter à diffuser -à 22h27 – "l’info" : celui de "Jihadoscope", une obscure officine fondée par la Parisienne Laurence Bindner (ex-collaboratrice de l’agent neoconservateur Jean-Charles Brisard, intervenante – le 11 septembre 2017 – au sommet antiterroriste israélien en compagnie de Manuel Valls) et l’Américano-Britannique Raphael Gluck (spécialiste déclaré du "Talmud", du "sionisme" et de la "diaspora" juive).
Troisième compte à propager – à 22h31 – “l’intox” : le coutumier groupe SITE dirigé par l’Israélo-Américaine Rita KatzLundi 2 octobre, les enquêteurs de police ont affirmé sous couvert d’anonymat qu’il n’y avait aucun lien établi "à ce stade" entre Daech et le tueur de Marseille. Cette absence de connexion concrète n’a pas été soulignée dans sa conférence de presse par François Molins, procureur de la République proche de la mouvance sioniste. »
L’organisation terroriste Daech a revendiqué ce lundi la fusillade qui a fait plus de 50 morts et au moins 400 blessés à Las Vegas. C’est via Amaq, son agence de propagande, qu’elle s’est une nouvelle fois exprimée. Qui est Amaq ? D’où vient-elle ? Comment fonctionne-t-elle ?
Nice, les Ramblas à Barcelone, Las Vegas, ce lundi. À chaque fois, le même scénario. Entre 4 et 36 heures après ces attaques, une dépêche de l’« agence » Amaq annonce la revendication de l’État islamique (EI). Le message est toujours écrit dans le style sobre caractéristique des agences de presse classiques. Les codes sont les mêmes, avec l’utilisation des termes comme « breaking » ou « exclusive », les sources sont citées, « source interne à l’EI », « source sécurité », et le texte est traduit en plusieurs langues, arabe, anglais, allemand, français et russe notamment.
Les expressions djihadistes partisanes sont bannies, explique Romain Caillet, spécialiste des questions islamistes, sur son blog « Jihadologie », hébergé sur le site du quotidien Libération. Les assaillants ne sont pas qualifiés de « soldats du califat », mais de « soldats de l’État islamique ». C’est le cas pour la tuerie de ce lundi :
« L’attaque de Las Vegas a été perpétrée par un soldat de l’État islamique. Il l’a menée en réponse aux appels à cibler les États de la coalition », écrit Amaq, qui précise que le tireur « s’était converti à l’islam, il y a quelques mois ».
- Le message de revendication de l’attaque de Las Vegas, publié par Amaq sur Twitter. (Photo : capture d’écran Twitter)
Mais derrière cette apparente neutralité, Amaq est en fait très liée à l’EI. « L’agence aurait été fondée par le Syrien Riyan Mesh’al, ancien responsable de HalabNews. Net (HNN), un collectif rassemblant des activistes syriens anti-Assad », indique Romain Caillet sur son blog. Riyan Mesh’al, aussi connu sous le nom de Bara Kadek, aurait été tué lors d’un bombardement de la coalition internationale en mai dernier, près de Mayadine, en Syrie.
Elle se fait connaître en 2014. Au même moment, les comptes Twitter des combattants sur le terrain sont supprimés, ainsi que de nombreux comptes arabophones qui étaient les principales sources d’informations concernant l’organisation.
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Au départ un simple site internet, Amaq évolue, crée « des comptes Twitter et Facebook, puis des applications Android », précise Romain Caillet. Les médias internationaux ont largement relayé les informations de l’« agence », l’élevant comme « la voix de l’EI aux yeux du monde ». Aujourd’hui, Amaq est considérée comme le principal canal de diffusion des revendications du groupe EI avant le communiqué officiel.
Souvent, le mode de revendication est le même. Amaq publie sa dépêche et elle est rapidement relayée (par les médias, par les spécialistes du djihad qui ont bâti des réseaux sûrs et savent écarter les fausses informations qui circulent), sur les réseaux sociaux, puis à la radio de l’État islamique al-Bayan et dans son mensuel Dabiq, publié en plusieurs langues.
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« L’avantage avec Amaq, c’est la rapidité. L’État islamique peut faire circuler rapidement une information en ligne. Alors que lorsque le groupe diffuse un communiqué, cela arrive bien après la propagation de l’information sur les médias arabes et internationaux », analyse Romain Caillet dans un article du Journal du dimanche.
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Qui écrit les dépêches ? D’où sont-elles envoyées ? Le fonctionnement interne d’Amaq reste assez mystérieux malgré quelques témoignages de soldats de l’EI qui ont fait défection. On sait qu’il s’agit d’une organisation importante pour le groupe djihadiste, qu’elle est dotée de gros moyens et qu’elle est considérée comme cruciale par les chefs de l’organisation terroriste.