L’empire du Milieu se rétrécit. La Chine a vu sa population, estimée officiellement à plus d’1,4 milliard d’habitants, chuter en 2022, pour la première fois depuis les famines du grand bond en avant, signalant l’ampleur du défi démographique pesant sur la seconde économie mondiale, dont la croissance est tombée à 3 %, selon les chiffres dévoilés ce mardi, à Pékin.
Le pays le plus peuplé du monde a perdu 850 000 habitants l’an dernier, du fait d’une natalité en berne, selon les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS). Au total, 9,56 millions de Chinois sont venus au monde, un total insuffisant pour compenser les 10,41 millions de décès enregistrés dans une société rattrapée par le vieillissement, où les nouvelles générations sont réticentes à enfanter. Le taux de fécondité a chuté à 1,15 enfant par femme en 2021.
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Ce repli plombe l’horizon économique et géopolitique du pays toujours en développement, qui perdra officiellement sa couronne de nation la plus peuplée du monde au profit de l’Inde, cette année, selon les projections. La Chine rejoint le Japon, Taïwan et la Corée du Sud parmi les nations asiatiques en déclin, mais atteint ce seuil fatidique, bien avant d’avoir accédé au niveau de développement de ses voisins, ni s’être doté d’un filet de sécurité sociale équivalent. L’Archipel a commencé son rétrécissement en 2010 en ayant déjà un statut d’économie avancée, et son PIB par habitant est près de quatre fois plus élevé que celui des Chinois encore aujourd’hui.
Le vieillissement menace le dynamisme économique et les finances des ménages, forcées d’épargner pour se prémunir des risques. « En Chine, le niveau de protection sociale n’est pas élevé, et le soin des personnes âgées devient un problème majeur alors que le nombre des seniors de plus 60 ans a dépassé 260 millions. Les gens ordinaires doivent épargner pour assurer l’avenir plutôt que de consommer », juge Chan Kung, fondateur d’Anbound, un think tank indépendant, à Pékin.
L’anémie démographique pèsera également sur la main-d’œuvre, avec à la clé une hausse des coûts du travail, qui fut longtemps un des atouts de l’usine du monde pour attirer les multinationales, et s’installer au cœur des chaînes de production mondiales.
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