Mediapart révèle un document écrit par Damien Philippot dans lequel ce conseiller livre ses recommandations avant le débat qui oppose la candidate FN à Emmanuel Macron.
Damien Philippot, le frère de Florian Philippot, avait rejoint l’équipe de campagne de Marine Le Pen pendant la présidentielle. Ce conseiller de l’ombre, aujourd’hui aux Patriotes de son frère, n’est pas resté inactif pendant la campagne. Affecté au pôle Rédaction, il a notamment rédigé une fiche de conseils à Marine Le Pen pour préparer le débat de l’entre-deux-tours. On ne sait pas à quel point la candidate, entourée de plusieurs cercles de conseillers, s’est inspirée de cette note, révélée ce dimanche [14 janvier 2018] par Mediapart, mais elle a reconnu a posteriori avoir « raté un rendez-vous important » avec les Français.
« L’objectif n’est pas de gagner en crédibilité. Nous n’arriverons pas à corriger, surtout face à lui [Emmanuel Macron] qui maîtrise parfaitement tous les arguments du système », conseille d’emblée Damien Philippot. Selon lui, l’objectif du débat « est de dégrader l’image de Macron, quitte à perdre en crédibilité, pour pousser des gens dans l’abstention ».
« Rendre Macron le plus antipathique possible »
Pour cela, le conseiller recommande de « rendre Macron le plus antipathique possible » en l’amenant « à s’énerver et à se montrer arrogant » en étant « dans l’offensive » mais « de manière calme et souriante ». « Si le débat est électrique, nous avons moins à perdre que lui, et donc nous gagnons des %. »
Pour pousser l’adversaire à la faute, il est recommandé d’avoir recours à une « phrase qui peut avoir l’air anodine mais qui cache un point inadmissible pour Macron et pour lui seul ». Comme modèle, Damien Philippot propose d’évoquer les parcours de vie, les aspirations des Français « qui sont bien souvent loin d’être des anecdotes, contrairement à ce que pensent certains ». Une référence censée être subtile au propos de Jacques Attali, soutien d’Emmanuel Macron et recadré pendant la campagne par les proches du candidat d’En marche ! pour avoir qualifié le sort des salariés de Whirlpool d’« anecdote ».
Pousser Macron à la « crise de nerfs »
Durant le débat, Marine Le Pen aura finalement recours à cette stratégie lorsqu’elle lâchera : « Je vois que vous essayez de faire l’élève avec le professeur. C’est pas vraiment mon truc ! Et je vais vous dire, vous n’êtes pas particulièrement mon truc ! » Une référence implicite à la relation entre Emmanuel Macron et son épouse Brigitte qui fut sa professeure.
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Enfin, il recommande d’avoir recours à « l’humour », « utile en cas de réponse à une attaque notamment ». Pas sûr que la sortie de Marine le Pen sur « les envahisseurs » qui « sont là, dans les campagnes, les villes, sur les réseaux sociaux » ait fait rire beaucoup de téléspectateurs.