Forte d’un début de campagne de l’entre-deux tours plutôt réussi (avec notamment sa visite surprise devant l’usine Whirlpool d’Amiens), Marine Le Pen pouvait espérer remporter le débat télévisé face à Emmanuel Macron et ainsi essayer de convaincre les indécis et faire mentir les sondages qui la donnaient perdante au second tour.
Pour gagner un tel pari, sa prestation aurait dû viser à rallier le soutien du plus vaste public possible, poursuivant ses efforts de dédiabolisation et montrant la compétence nécessaire pour devenir chef d’État.
Elle a cependant préféré utiliser tout son temps de parole pour cogner sans relâche sur son adversaire.
Le verdict sur le débat fut implacable. Sondages, analystes politiques et même certains membres de l’univers lepéniste allaient tous dans le même sens : Marine Le Pen avait raté l’occasion, montrant au passage une étonnante impréparation.
Erreur d’aiguillage
Le caractère du personnage a sans doute joué un rôle dans cette erreur d’aiguillage. Marine Le Pen ne pouvait faire que ce qu’elle aime : vilipender, narguer, avancer des propositions simplistes, voire incohérentes. Chasser le naturel, il revient au galop.
On est tout de même en droit de se poser une question : et si elle avait été induite sciemment par l’équipe de son rival à prendre cette fausse route politiquement mortifère ? Voici le pourquoi de cette question.
La veille du débat, la chaîne de télévision BFM diffuse un scoop : « Macron menace : s’il sert de punching-ball à Marine Le Pen, il quittera le plateau au bout d’une demi-heure. »