Grande question, à laquelle lui seul peut répondre. Car il y a l’homme, la confession et l’idéologie, les trois entités se mélangeant dans des proportions diverses. Quand des nervis d’extrême gauche, mandatés ou pas par le parrain Méluche, le houspillent pendant la manif unitaire du 1er Mai, on n’entend pas « sale juif », mais surtout « vendu », et même un insolite « fasciste ».

Vendu se rapporte au PS qui, en trahissant la classe ouvrière en 1983, est devenu un parti de gouvernement, c’est-à-dire bourgeois selon la définition de la droite sociale issue de la moitié du XIXe. Il est devenu riche de sa trahison, comme Judas, mais a très mal fini. La preuve.

Suite à ce petit esclandre secouant – on rappelle que Guedj n’a pas été blessé –, les forces du bien disséminées dans les médias ont fait leur travail de réparation, puis d’accusation.

Aussitôt après l’émeute, comme si ça faisait partie d’un plan média, ce que Tondelier supposera à demi-mot, Philou passe chez Pujadas. Il tient à son tour des propos pas très tendres pour ses tourmenteurs.

Elkrief, dite Ruth 666, en fait tout un plat. Cela n’étonnera personne. Pour elle, c’est un coup des mélenchonistes et on n’est pas loin du lynchage.

« Il est ciblé parce que juif. Ce qui est vrai, c’est que depuis que Jérôme Guedj, depuis qu’il a une position un peu plus nuancée et universaliste comme il le dit, c’est-à-dire à la fois condamnant le 7 Octobre et en même temps la guerre à Gaza, et étant favorable à deux États mais ne prononçant pas le mot de génocide, il a été totalement stigmatisé, totalement ciblé par LFI et par Jean-Luc Mélenchon. »

De l’autre côté de la barrière sociale, ou politique, on trouve Marine Tondelier, qui a reçu les foudres de la meute car elle n’a pas défendu Guedj. Certains supposeront donc assez vite qu’elle valide l’agression, verbale, rappelons-le.

Interrogée par Yves Calvi dans les caves de la Kommandantur, elle persiste et signe, laissant planer l’idée d’un montage, Guedj ayant possiblement prévu le coup avec une escorte de journalistes...

Guedj saute évidemment sur l’occase et laisse planer l’accusation d’antisémitisme à propos de Tondelier. C’est à nouveau la guerre juifs contre antisémites supposés.

Le reste est la fin de la tempête dans un verre d’eau, avec Guedj qui en profite pour mettre la pression sur Faure, son rival, qui se retrouve coincé entre le chien et l’os, puisqu’il a signé un pacte avec Mélenchon.

Au fond, tout cela ne concerne plus les Français, sauf pour ceux qui s’intéressent à la reconstruction, ou la déconstruction de la gauche. On peut dire que sous l’influence d’Attali et Fabius, Mitterrand a orienté le PS vers une tendance qui ne pouvait pas être populaire. Quarante ans plus tard, le plus grand parti de France s’est effondré sur lui-même, victime de sa dérive idéologique. Là-dessus, Mélenchon vient piller ce grand cadavre à la renverse, ce qui est de bonne guerre, puisque la politique a horreur du vide. C’est du cannibalisme politique, oui, et alors ?

Même si on est en présence d’une opération de victimisation, il n’en reste pas moins que la gauche reste cisaillée par la question juive, qui est la question israélienne. Cependant, la victimisation ne fera pas changer d’avis les électeurs de gauche, surtout que la vraie victimisation a changé de camp. C’est l’effet 7-8 Octobre.