Je comprends mal Bousquet à propos de Foucault ; mais, si je puis faire l’effort de comprendre mon incompréhension, c’est sans doute qu’il utilise la méthode sainte-beuvienne (expliquer l’œuvre par l’homme) pour analyser l’œuvre d’un post-structuraliste (or le structuralisme évacue le sujet dans l’analyse de l’objet) : dès lors, cette démarche n’est-elle pas marquée du signe de la confusion ?
Elle sert mieux à obscurcir qu’à éclaircir, il me semble. Que Foucault ait été névrosé, inverti et parfois proche de cette folie qui le fascinait, certes ; que par ailleurs Foucault ait étudié les fous, les criminels, les marges, c’est ce que chacun constatera en le lisant ; cependant, peut-on lier ces deux aspects, et dire en somme : Foucault était un marginal (sens large) donc il a brouillé les frontières du normal et du pathologique, il a cherché la mort de l’Homme, parce qu’il ne se sentait pas pris en charge par ces délimitations ?
D’après moi, cette conclusion est abusive. L’œuvre de Foucault est avant tout une observation, et un ensemble d’analyses qu’il s’agirait de discuter sur le fond, contrairement à la posture des "théoricien(e)s du genre" américain(e)s qui l’ont suivi (auxquelles pour le coup l’analyse sainte-beuvienne, mieux, psycho-pathologique est tout à fait adaptée).
La mort de l’Homme, il l’observe, la décrit ; peut-on en déduire qu’il la souhaite ? La question n’a pas d’intérêt. Quoiqu’il en soit l’en accuser s’approche mieux du procès d’intention que de la discussion philosophique. De même, quant à l’effacement du normal et du pathologique.
Foucault met le doigt sur de nombreux aspects de la modernité. Faut-il pour autant se demander s’il en est responsable, le peindre en bouc-émissaire de notre kali yuga ? La réponse est dans la question.
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