Le deuxième long métrage d’Hubert Viel apparaît à la croisée de tant de chemins différents qu’il en devient tout bonnement inclassable.
Et pourtant, la richesse et l’éclectisme des influences perceptibles dans son film, loin de constituer un fourre-tout dépareillé et indigeste, aboutissent paradoxalement à une certaine épure, le cinéaste ayant pris soin, aux diverses sources où il a puisé son inspiration, de ne conserver que le meilleur, avec légèreté et sans démesure.
De la Nouvelle Vague, qui semble particulièrement l’inspirer (il faut impérativement voir son court-métrage Avenue de l’Opéra, qui est un véritable hommage au genre), il garde la somptuosité d’un noir et blanc tout en nuances mais tourne résolument le dos à une certaine vanité caractérisant trop souvent les récits de cette période de l’histoire du cinéma. De la tradition du film d’enfants, il conserve la fraîcheur – on devine une direction d’acteurs particulièrement efficace – mais sans tomber ni dans la mièvrerie ni dans la complaisance. L’aspect narratif et pédagogique (les enfants réunis autour d’un vieux conteur à la tête chenue, les rapides avancées chronologiques, la récurrence des mêmes figures incarnant divers personnages) n’est pas sans rappeler certains feuilletons animés pour enfants comme Il était une fois l’homme… Comme l’ont suggéré certains médias, comme la revue Première, on peut également voir du Miyazaki dans cette histoire qui ressemble à un conte ainsi que dans le message écologique qu’il délivre, comme on peut voir du Monty Python dans la liberté des costumes (l’aspect général et la symbolique l’emportent sur l’exactitude historique) et un certain humour dans les dialogues.
Tout cela est mis au service d’une thèse qui, elle, est tout à fait sérieuse : la démystification d’une historiographie républicaine et progressiste selon laquelle le statut des femmes en Europe, avant la Renaissance et surtout avant la Révolution, aurait été un enfer.
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La bande-annonce du film :