D’abord, une chose nous intrigue chez Camélia Jordana : elle n’a jamais la même tête. C’est le privilège des actrices, dit-on.
Et d’ailleurs, elle ne fait pas que chanter, elle joue aussi : dans le burlesque Sœurs d’armes de la lesbienne islamophobe Caroline Fourest (Camélia Jordana Riad-Aliouane, petite-fille d’immigrés algériens, n’y a pas vu de contradiction) et le grotesque Brio, le clip raciste antifrançais d’Yvan Attal qui fait gagner une beurette d’Assas à un concours d’éloquence...
Mais là, on renifle une intervention divine, au mieux une maquilleuse très habile, au pire un chirurgien plastique, sinon les deux. La chanteuse s’est illustrée pendant la campagne pro-George Floyd en 2020, la mort malheureuse d’un criminel junkie sous le coup d’une overdose ou d’un étranglement policier. Une campagne qui a permis de faire voter une bonne partie de la communauté noire, malgré l’amélioration de l’emploi sous Trump, pour le pédophile sénile Biden, la marionnette du pouvoir profond (Pentagone, GAFAM, CIA, NSA, Réserve fédérale, cette fausse banque publique dirigée par le lobby sioniste).
Curieusement, au moment où Camélia s’engageait (contre les méchants Blancs), ses ventes s’étiolaient. Ou alors c’est la réciproque. Souvent, quand le tiroir-caisse est vide, les artistes de gauche se trouvent – rapidement – une œuvre, un engagement, qui les remet en selle médiatiquement. La chanson ne nourrissant plus son homme, Camélia change de registre, tout en gardant le micro en main : n’étant pas Billie Holiday, elle sera Angela Davis. C’est la même couleur, le talent en moins, donc plus abordable.
Billie Holiday et Ella Fitzgerald font deux tours de rôtissoire dans leur tombe, mais Camélia s’en fout, elle a gagné, les médias mainstream versent une larme sur la souffrance noire et les droits civiques, le truc qui ne marche pas en France parce que l’immense majorité de la communauté noire, qui n’en est pas une, s’en fout.
Camélia est redevenue une vedette (pas une star, n’exagérons pas), et après la chanson engagée, la voilà femme politique à part entière, anti-Marine, dans la veine de Diam’s, dont elle reprend la chanson.
« Le remix “marine” de diam’s par Vitaa Amel Bent et Camelia Jordana c’est nul nul nul aucune émotion »
« Le reprise de "Marine" de Vitaa, Amel Bent et Camelia Jordana est juste dégueulasse, envie de chouiner elles ont détruit la musique de Diam’s »
« La reprise de #marine de Diam’s repris est tellement déguelasse ! Vitaa, Amel bent et Camelia Jordana bof. A 1 an des présidentielles, c’est Manu qui a leur a demandé de chanter comme avec Mcfly et Carlito ? »
« Vitaa, Camélia Jordana et Amel Bent reprennent une chanson de Diam’s (qui vit désormais sous une abaya) et qui s’appelle « Marine ». J’aurai préféré qu’elles évoquent la liberté au Qatar, la justice en Arabie saoudite ou la culture du viol dans les cités ! »
« Bon j’ai tenté Amel Bent, Vitaa et Camélia Jordana sur Marine. J’ai tenu 6 secondes. »
C’est le moment de glisser la reprise de Marine de Diam’s par une étudiante – non intersectionnelle mais qui fait des efforts – du Sciences Po d’avant la mode pédocriminelle :
Wesh la nvlle chanson de vitaa et Camelia Jordana elle envoie du lourd pic.twitter.com/DWybsepUBV
— reine fatima (@groterma) April 2, 2021
Après cet exploit antifasciste (et une volée de bois vert sur les réseaux sociaux, où la reprise a été qualifiée de « massacre »), Camélia est reçue comme une reine chez la Barthès. La panthère noire – issue de la bourgeoisie, pas du prolétariat – explique en gros, aux côtés d’une Amel Bent méconnaissable tant elle a fondu, que le fascisme ne passera pas.
"À aucun moment, elle nous ferait douter de la justesse de notre combat."
Débattre avec Marine Le Pen ? On en parle avec @Camelia_Jordana, @VITAA et @Amel_Bent ⬇️#Quotidien pic.twitter.com/rDTcTzvpFw— Quotidien (@Qofficiel) April 5, 2021
Ceux qui ont réussi à arriver jusque-là méritent une récompense. Retour au talent, à l’émotion et l’authenticité avec Tracy Chapman. Tout ça pour dire que c’est pas la couleur qui fait le talent.