Après avoir chassé, fin 2017, le groupe État islamique de toutes les villes de l’est de la Syrie, le gouvernement de Damas et le chef de la brigade al-Qods des Gardiens de la révolution iranienne, le général Kassem Suleimani, ont proclamé la défaite des jihadistes. Un peu trop hâtivement. Cinq mois plus tard, l’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi refait parler d’elle.
À partir du mois de mars 2018, le groupe a lancé des attaques sporadiques contre des avant-postes de l’armée syrienne et de ses alliés russes, iraniens, libanais, irakiens et afghans. En mai, l’intensité des attaques a sensiblement augmenté dans une vaste région désertique s’étendant de Humaymah, au nord-est de la province de Homs, à Soueida, au sud-est de la Syrie, en passant par la ville d’al-Mayadine, à l’est, Boukamal, à la frontière avec l’Irak, et la station de pompage de pétrole dite T3, à 14 kilomètres de Palmyre, dans le centre.
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Amine Hoteit, ancien général de l’armée libanaise, explique à RFI que l’EI est passé d’une stratégie de contrôle territorial à une technique de harcèlement des « forces ennemies ». « C’est un choix réfléchi et planifié à l’avance, ajoute cet expert militaire. L’EI s’est replié vers des poches dans le désert, aménagées et équipées pour accueillir des dizaines, voire des centaines de combattants. »
« Des attaques continueront d’être lancées depuis le désert, en ciblant les oléoducs, les principaux axes routiers, les passages frontaliers, ce qui constituera un énorme casse-tête » pour l’armée syrienne et ses alliés, affirme Nawar Oliver.
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Amine Hoteit estime à près de 7 000 le nombre de combattants de l’EI opérationnels dans la région désertique de Syrie, un chiffre semblable à celui avancé par un responsable du Hezbollah, qui connaît bien le dossier syrien.
« Certes, nous sommes loin des 42 000 combattants que pouvait mobiliser l’organisation avant d’être écrasée par l’armée syrienne et ses alliés, précise le général Hoteit. Mais il s’agit du noyau dur, composé de combattants aguerris et solide sur le plan idéologique. »
L’ancien général libanais n’écarte pas une « instrumentalisation par les États-Unis » des débris de l’EI, pour empêcher l’armée syrienne d’enregistrer une victoire totale, qui aura une valeur stratégique inestimable.
« Les raids menés contre les forces pro-gouvernementales syriennes par des avions soi-disant inconnus, dans l’Est syrien, sont un service rendu à l’EI, dit-il. Les troupes attaquées dans la nuit du 17 au 18 juin à la frontière syro-irakienne s’apprêtaient à lancer une offensive contre les jihadistes. Ceux qui les ont bombardées ne cherchent-ils pas à rendre service à l’EI ? »