Le deux poids, deux mesures dans toute sa splendeur : alors que les restrictions sont telles que le vulgum pecus avait compris que le mariage lui était interdit, Tearii Alpha, vice-président de la Polynésie française et maire de Teva i Uta s’est marié en grande pompe. Sans guère respecter les obligations prévalant dans l’archipel.

En réalité, le mariage n’est pas vraiment interdit. Mais les limites imposées sont suffisantes pour que beaucoup de gens là-bas aient compris que c’était bel et bien le cas. Qu’on en juge :

 interdiction des événements rassemblant de plus de 500 personnes ;
 interdiction des événements festifs (dont mariages, anniversaires, baby shower…) dans les salles polyvalentes, chapiteaux, hôtels-restaurants et établissements de plein air, ainsi que sur les embarcations pirogues à bringue, fare flottants et assimilés ;
 interdiction des concerts dans les cafés, hôtels et restaurants.

Tout cela étant valable pour le mois d’août en cours.

Pour un peu, il faudrait préciser qu’on a quand même le droit de faire ça en visioconférence. Bon, en fait, à bien y regarder, on a le droit de se marier en théorie. Mariez-vous si vous le souhaitez, mais ne faites pas la fête. Les mariages tristes sont permis. Vous pouvez réunir des amis, dans des restaurants privatisés, mais l’ambiance doit être celle d’un restaurant normal : faites bombance dans le calme et en restant à votre place : eh oui ! il ne faut pas se lever !

Se marier étant donc en réalité autorisé, c’est donc ce qu’a fait l’homme politique polynésien Tearii Alpha, en accueillant tout le gratin local. Les journalistes n’étaient apparemment pas les bienvenus, raison pour laquelle ils n’étaient pas vraiment venus en masse pour couvrir cet événement people.

Un certains protocole sanitaire aurait été respecté, clame-t-on pour se défendre devant le tollé suscité : moins de 500 invités au total, tables de six personnes maximum, espacées comme il faut.

Sans animation artistique ?! Des invités, debout, ont fait le show (ci-dessous, le maire de Papeete, Michel Buillard)… avec un orchestre derrière eux. Deux en fait ! On se réjouit pour les musiciens, sans travail pour cause de covid.

Moins de cinq cents ? Officiellement trois cents convives. Difficile d’en juger, mais il y avait du monde, le parking en fait foi.

Les gendarmes sont allés interroger les responsables du restaurant pour savoir si les gestes barrières avaient été respectés. Apparemment oui. Seront-ils tatillons comme ils devraient l’être et établir que ce mariage était une fête, avec musique et gens debout ? Cette époque de fous le commanderait.

Quand vous avez les moyens de contourner les interdits, vous pouvez continuer votre vie d’avant. Quand vous avez les bonnes relations, vous pouvez vous asseoir sur certaines restrictions. Sinon, en période de variant Delta, le citoyen lambda doit courber l’échine, se plier aux restrictions ubuesques lui interdisant de fait de convoler. Les îles de la Société portent aujourd’hui bien mal leur nom.