Paralysée depuis quatre jours par le mouvement des Gilets jaunes, l’île de la Réunion est confrontée à une flambée de violences comme elle n’en avait plus connue depuis 1991 et qui a largement débordé la question du pouvoir d’achat.
Voitures brûlées, commerces incendiés, automobilistes rackettés et caillassés : la nuit de lundi à mardi [20 novembre 2018] a une nouvelle fois été émaillée d’incidents, poussant le préfet Amaury de Saint-Quentin à instaurer un couvre-feu partiel sur la moitié des communes de l’île.
[...]
- Le mouvement des Gilets jaunes, pacifiste au départ
[...]
Des bandes de jeunes
La grogne, pacifique au départ, a rapidement dégénéré lorsque des bandes de jeunes ont commencé à organiser des blocages sur plusieurs grands axes et réclamer aux automobilistes un droit de passage allant de 5 à 20 euros.
Pour avoir refusé de payer, plusieurs automobilistes ont été agressés et dépouillés, leurs voitures caillassées.
« Ces marmailles (jeunes en créole réunionnais, NDLR) n’ont rien à voir avec notre mouvement. Ils rackettent les gens qui sont en train de demander à l’État une augmentation de leur pouvoir d’achat. C’est du n’importe quoi », s’insurge Jean-Jacques, un quinquagénaire employé du bâtiment au chômage depuis deux ans qui a participé samedi à un barrage filtrant des Gilets jaunes.
- Carcasses de voitures brûlées à Saint-Denis-de-la-Réunion
Marie Andrée, jeune mère de deux enfants, partage la même exaspération. « Ces jeunes décrédibilisent le mouvement du 17 novembre. En plus ils brûlent des poubelles, des voitures de particuliers eux-mêmes défavorisés », s’émeut-elle devant un supermarché vandalisé au Moufia, un quartier de Saint-Denis.
« Bien sûr on ne peut pas cautionner la violence. Mais il faut aussi se poser les bonnes questions. Dans certaines familles, les grands-parents, les parents, les grands frères et les grandes soeurs n’ont jamais travaillé. Beaucoup sont en échec scolaire. Tous vivent des minima sociaux. Que des gamins de 12 ans issus de ces familles soient sur les barrages, c’était couru d’avance », estime un représentant syndical.