Le parquet national antiterroriste s’est saisi après la diffusion d’un communiqué et d’une vidéo dans laquelle des individus cagoulés et armés se revendiquant du premier FLNC, annoncent la reconstitution de ce mouvement.
Selon une information révélée ce 30 septembre par le journal Corse-Matin, un groupe de cinq personnes a organisé une conférence de presse clandestine afin d’annoncer la constitution d’« un nouveau FLNC [Front de libération nationale corse] ». Convié à l’événement nocturne, le quotidien régional explique avoir eu accès à une « communication d’une page, sur laquelle figurent interdictions et préconisations en neuf points, afin de "sauver le peuple corse d’une disparition programmée" ».
Dans la foulée, ce 1er octobre, Éric Bouillard, procureur de la République d’Ajaccio, a fait savoir que le parquet national antiterroriste se saisissait. « On a prêté beaucoup d’attention à cette action, le parquet de Paris prendra la suite », a-t-il ajouté.
Corse-Matin avait publié une courte vidéo dans laquelle cinq individus apparaissent cagoulés et armés, côte à côte dans la nuit, derrière une banderole sur laquelle sont inscrites les lettres FLNC.
Selon le journal, le groupe se revendiquerait du premier FLNC et de son « manifeste historique du 5 mai 1976 ».
Interdictions et préconisations
La conférence de presse a eu lieu en Haute-Corse, dans la région de la Caldaniccia. « Ça s’est limité à une remise de communiqué, sans question possible », a précisé à l’AFP un membre de la rédaction de Corse-Matin.
Après avoir consulté le document de communication, l’AFP en révèle une partie du contenu : « Conformément à l’engagement historique du FLNC, nous ne porterons jamais atteinte aux personnes, mais seulement aux biens », peut-on par exemple y lire.
Parmi les interdictions et préconisations présentées, le texte évoque par exemple « l’interdiction pour les Non-Corses d’acheter des biens fonciers ou immobiliers ». « Les biens acquis au cours des dix dernières années doivent être revendus "à leur prix d’achat d’origine" et seuls des Corses [communes ou Collectivité de Corse] pourront les acheter pour en faire "principalement" des logements sociaux », relève également l’AFP.
Le communiqué réclame en outre une interdiction de créer toute nouvelle enseigne de grande distribution, appelle à « remplacer les étrangers par des Corses dans tous les emplois » et exige un enseignement obligatoire du corse d’une heure par jour de la maternelle au CM2.
Le groupe apporte également une forme de soutien à la majorité nationaliste au pouvoir dans l’île, assurant qu’elle est « cohérente ». « Nous ne doutons pas de la sincérité et de l’engagement patriotique des élus de la majorité territoriale », peut-on lire dans le texte. « Mais nous regrettons qu’ils continuent de s’égarer sur un chemin qui conduit à l’intégration définitive du peuple corse dans la société française », explique toutefois le groupe qui appelle à « combattre idéologiquement » toutes les autres forces politiques.
« Nous veillerons, par la force si nécessaire, à ce que ces interdictions et préconisations [soient appliquées] », expliquent les auteurs du communiqué selon lesquels ces mesures « sont seules en mesure de sauver le peuple corse d’une disparition programmée ».
Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) avait annoncé en 2014 qu’il déposait les armes, au terme de quatre décennies marquées par plus de 4 500 attentats revendiqués.
L’annonce de cette reconstitution survient dans un contexte marqué depuis plusieurs mois par de nombreux actes de violence en Corse, où élus et personnalités de la société civile ont dénoncé au cours des derniers jours « une emprise mafieuse » sur l’île.