Face au coronavirus, va-t-on manquer d’oxygène ? Alors que la pénurie de masques agite l’opinion, le silence est de mise sur les réserves en bouteilles d’oxygène, dont l’Italie semble cruellement manquer. Paradoxalement, la seule usine capable d’en fabriquer en Europe reste désespérément fermée. Les salariés de l’usine Luxfer Gas Cylinders de Gerzat (dans la banlieue nord de Clermont-Ferrand) demandent la nationalisation « totale et définitive » de leur outil de travail et la reprise immédiate de la production afin de pouvoir satisfaire les demandes liées à la crise sanitaire en cours.
Le 26 novembre 2018, face aux 136 salariés installés dans le réfectoire, un responsable — appelé « manager de transition » dans le jargon — du groupe britannique Luxfer Holding PLC, détenu par des fonds tels Fidelity ou encore BlackRock, a annoncé la fermeture définitive du site racheté en 2001. La production s’est arrêté en mai 2019.
Délocalisation cachée
L’usine, pourtant bénéficiaire avec un carnet de commandes bien rempli, a fermé en juin et les salariés ont tous été licenciés. Avec 22 millions de chiffre d’affaires et un bénéfice d’un million d’euros en 2018, en progression de 55 % par rapport à l’année précédente, cette mise à mort est difficile à accepter pour les salariés.
D’après le délégué syndical CGT Axel Peronczyk, le groupe, alors en quasi-monopole sur le secteur, souhaitait remplacer les produits de très haute qualité conçus sur le site par d’autres, de qualité inférieure, réalisés ailleurs, à des coûts de fabrication moindre et des prix de vente en hausse de 12 %.
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