« Nous, dernière génération à connaître des rescapés, refusons que les réseaux sociaux abondent de contenus et vidéos négationnistes. »
Par d’anciens déportés et plusieurs associations antiracistes.
Aujourd’hui, qui recherche des informations sur la Shoah via les grandes plateformes d’échange et de diffusion en ligne tombe immanquablement sur des discours qui cherchent à prouver que la Shoah n’aurait pas existé. De nombreuses vidéos figurant parmi les premiers résultats de la recherche mobilisent des arguments pseudo-scientifiques afin de démontrer que l’extermination des Juifs et des Roms en Europe ne fut pas ce que l’on prétend dans les livres d’histoire. Avant les négationnistes d’aujourd’hui, les nazis eux-mêmes ont cherché à effacer toute trace du génocide afin d’oblitérer leur crime. Aujourd’hui, le négationnisme est un délit dans un grand nombre de pays, et aux yeux des Nations unies depuis 2007.
Alors qu’Internet est devenu la source d’information essentielle pour les nouvelles générations, la diffusion du négationnisme contribue à la banalisation du racisme et de l’antisémitisme dans notre société, augmente l’indifférence et provoque des passages à l’acte violent. Les réseaux sociaux se sont donné les moyens de bannir le fléau des contenus pédo-pornographiques, et d’interdire les incitations à la haine.
Aujourd’hui, nous demandons aux grands réseaux sociaux de prendre leurs responsabilités et d’interdire les contenus négationnistes dans leurs conditions d’utilisation. Nous, survivants de la Shoah, refusons qu’au 70e anniversaire de notre libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, les outils de la modernité soient laissés à ceux qui veulent détruire notre monde de valeurs.
Nous, étudiants, dernière génération à connaître des rescapés, refusons que les réseaux sociaux que nous utilisons au quotidien abondent de contenus et vidéos négationnistes.
Nous, dirigeants d’associations engagées dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, refusons d’abandonner la liberté pour laquelle nous combattons à ceux qui en font un alibi de la haine. Nous, citoyens, refusons qu’Internet légitime la violence et la manipulation. La vérité de l’histoire a besoin que chaque citoyen responsable s’engage pour veiller sur elle. Il est déjà plus que temps que tous les hommes de bonne volonté, de toutes les nations, simple utilisateur, architecte ou investisseur d’Internet, s’impliquent pour la défense de la vérité. Car si Internet est notre bien commun, il dépend de chacun de nous que la vérité y triomphe du mensonge.
Signataires :
Raphaël Estraïl, Président de l’Union des déportés d’Auschwitz ; Sacha Reingewirtz, Président de l’Union des étudiants juifs de France ; Benjamin Orenstein, Président de l’Amicale des déportés d’Auschwitz-Birkenau du Rhône ; Elie Buzyn, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau ; Alberto Israel, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau ; David Schulhof, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau ; Zesia Laskier, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau ; Alfred Szalawecz, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau ; Claude Bloch, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau ; Sam Rupkowski, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau ; Jeannette Deplace, ancienne déportée d’Auschwitz-Birkenau ; Julien Godet, ancien déporté d’Auschwitz-Birkenau.
Ainsi que : William Martinet, Président de l’UNEF ; Alexandre Leroy, Président de la Fage ; Olivier Vial, Président de l’UNI ; Gilles Clavreul, Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ; Dominique Sopo, Président de SOS Racisme ; Alain Jakubowicz, Président de la LICRA ; David Harris, Directeur de l’American Jewish Committee ; Seta Papazian, Présidente du Collectif Vigilance arménienne contre le négationnisme ; Marcel Kabanda, Président d’Ibuka France (pour la mémoire du génocide des Tutsis au Rwanda) ; Alain Daumas, Président de l’Union française des associations tsiganes ; Benjamin Abtan, Président de l’European Grassroots Antiracist Movement.