L’analyse de Pierre Hillard sur les régions commence à dater, ce qui rend son discours de plus en plus éloigné de régions qui en France se font recadrer par l’Etat national, qui est loin de leur lâcher la bride autant qu’il le prétend. La réforme en cours marque un net recul par rapport à cette prétendue indépendance du fait de la nomination de fonctionnaires régionaux, des sortes de "missi dominici", par Paris et de la réduction sensible des effectifs des fonctionnaires territoriaux. Par ailleurs le pouvoir central se prend également les pieds dans le tapis en ce qui concerne le redécoupage des régions qu’il a toutes les peines du monde à articuler en ensembles régionaux, dans la mesure où les régions françaises ne concordent pas avec le modèle culturel des Lânder allemands. Ceux-ci semblent avoir conservé une identité culturelle autrement plus significative qu’en France qui a vécu pendant trois siècles sous la nivellante jacobine républicaine. Pierre Hillard ne tient pas compte non plus des effets désastreux de la crise financière qui s’éternise dont les régions font les frais avec l’exode des capitaux étrangers et la paupérisation croissante, du fait des plans sociaux qui n’en finissent pas de s’accumuler.
Dans ces conditions, il est douteux que les régions emboîtent le pas aussi facilement qu’il le prétend à la politique de Bruxelles, qui par contre exerce un diktat absolu sur les centres de pouvoir nationaux. La tendance constatée chez nos voisins européens serait plutôt de prendre ses distances vis à vis des politiques mondialistes qui tarissent l’emploi dans les régions industrielles sans faire sentir de dynamique de renouvellement économique malgré tous les plans d’investissement européens dans l’énergie, les télécoms, les transports, etc. La politique communautaire est donc en perte de vitesse dans les pays du Sud de l’Europe qui pâtissent à plein de la politique de l’Euro fort et des délocalisations.
Les régions ont trouvé a contrario dans la comptabilité nationale un moyen de dissimuler leurs pertes en tronquant les statistiques remises à Bruxelles, comme récemment plusieurs régions espagnoles dont les pertes se sont retrouvées dissimulées dans les bilans des banques bénéficiant des aides européennes de la BCE. La messe n’est donc pas dite en ce qui concerne le démembrement des Etats nationaux, du fait de la régionalisation croissante, loin s’en faut, car un mouvement irrédentiste anti-européen se dessine de plus en plus nettement.
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