Pierre-Emmanuel Barré (PEB) fait partie de la famille des humoristes trash : ils font leur succès sur le franchissement récurrent mais calculé de la ligne rouge, celle que Dieudonné violait allègrement depuis vingt ans, avant de revenir brutalement dans l’aire autorisée.
Barré a ainsi pu profiter du tremplin médiatique qu’est France Inter (2012-2017), première radio de France, avant de s’en expulser lui-même sous prétexte de censure, ce qui fait une jolie ligne de « comique non aligné » dans le CV. On profite du mainstream, puis on crache dessus. Il a remis ça en 2023 dans C l’hebdo sur France 5, chez Ali Baddou, chez qui il ne sera resté que trois émissions. Se faire jeter avec une chronique inacceptable pour la production est devenu une technique classique pour se faire une réputation d’humoriste insoumis, ce qui permet de remplir les salles sans passer pour une pute.
C’est avec cette chronique anti-Hanouna, cible idéale des bien-pensants, que PEB a lancé sa deuxième expulsion :
Retour de @Sale_Con sur la polémique du financement de l'audiovisuel public.
Vous y apprendrez notamment comment il a loupé (de peu ) l'oral pour devenir chroniqueur chez Hanouna... pic.twitter.com/nZRPd1dLoI
— Olivier Desbiey (@olyvyer) January 23, 2023
Il y égratigne le service public audiovisuel qui achète du programme à Banijay, la multinationale de Stéphane Courbit, et dont Hanouna est actionnaire. Ça n’a pas plu à la maison mère de C l’hebdo, Mediawan, la holding bien-pensante de Pierre-Antoine Capton et ses amis Niel & Pigasse. Rappel : Banijay (un milliard de CA et 120 000 heures de programmes par an) et Mediawan (350M de CA et 20 000 heures de programmes) sont les deux réacteurs nucléaires de la production télé française. Qui est en de bonnes mains...
« Je ne remets pas en cause son talent. Il n’en manque pas et c’est pour cette raison que l’on a pensé à lui. Mais il y a un désaccord de ton entre ses chroniques et celui qu’on a construit dans notre émission. On tente régulièrement des choses. Ce rendez-vous n’a pas pris, c’est dommage. »
(Justine Planchon, présidente de Mediawan Productions)
En réalité, derrière cet écran de fumée libertaire, depuis un an, PEB est passé avec armes et bagages dans le giron de la bonne vieille gauche antiraciste. Quitter France Inter idéologiquement, ça semble plus difficile que d’en claquer la porte physiquement. Il fait la promo du droit au logement (pour les migrants), et répond aux questions des Éclaireurs, le « média des initiatives positives » de Canal+, une métastase audiovisuelle de la gauche écolo-bobo.
"Plutôt tofu avec Aymeric Caron ou os à moelle avec Gérard Depardieu ?"
Pipi sous la douche, vasectomie, don d'excrément pour la science, Pierre-Emmanuel Barré a passé l'épreuve du questionnaire de l'Eclaireur. ⚡️ pic.twitter.com/oBlU61Tjw4— Les Éclaireurs (@Eclaireurs) January 13, 2023
Le grand écart est le lot des demi-résistants, durs en paroles, mais mous en actes. Barré, à qui toutes les portes sont ouvertes, sait jouer avec la ligne rouge : pour cela, il doit régulièrement la franchir, mais aussi régulièrement revenir en arrière. C’est la méthode de la guérilla médiatique : on frappe, et on court se cacher...
Au revoir la télé !
Il semblerait que contrairement à ses élèves, Brigitte Macron soit intouchable.
À bientôt ailleurs :)— Pierre-Emmanuel Barré (@Sale_Con) January 29, 2023