Bab Amr tombée, la presse française reporte ses espoirs et ses projecteurs sur Rastan, à une vingtaine de kilomètres au nord de Homs. La ville avait déjà été le théâtre de combats l’été dernier et l’ASL avait annoncé le 5 février qu’elle l’avait « libérée« .
En traduction simultanée de la langue de bois, cela signifie que des bandes écumaient certains quartiers de Rastan. L’OSDH a fait état de la mort, dimanche, de sept « civils » – dont 4 enfants – victimes des bombardements de l’armée. Il est certain, au-delà des vantardises de l’ASL et des falsifications de l’OSDH, que la ville, située à équidistance de Homs et de Hama, sur l’autoroute reliant Damas à Alep et au nord du pays, a un intérêt quasi-stratégique pour le rébellion armée.
Les gazettes atlantistes placent également la petite ville d’al Qusayr (ou Qousseir), à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Homs, dans le collimateur de l’armée syrienne. Reuters cite un de ses correspondants sur la frontière libanaise qui a entendu des bruits de bombardements dans le secteur d’al Qusayr.
L’agence relaie aussi une déclaration d’un représentant au Liban du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) selon laquelle 2 000 habitants de ce secteur se seraient réfugiés au Liban voisin, où l’armée, suite d’ailleurs à un accord avec le gouvernement syrien, a déployé de nouveaux effectifs sur sa frontière. De toute façon, comme le reconnaissait samedi un reportage d’I-Télé, on ne sait pas si les habitants fuient les tirs des militaires ou ceux des groupes armés.
Ban Ki-moon égal à lui-même (et à Hillary Clinton)
A Bab Amr, les opérations de déminage et de nettoyage se poursuivent, retardant l’entrée des humanitaires du CICR et du Croissant-Rouge syrien. L’occasion pour la presse française de clamer que le régime cherche à faire disparaître les « traces de ses crimes » : mais personne, à commencer par le gouvernement syrien, ne cherche à nier qu’il y a de nombreux cadavres à Bab Amr, le quartier ayant été pendant presque quatre semaines l’enjeu d’intenses combats.
Et il n’y a rien d’improbable à ce que les ASL aient laissé de mines et de engins explosifs derrière eux. Autre faux scoop, l’organisation d’influence américaine à couverture humanitaire Human Rights Watch a compté, en examinant une photo satellite, pas moins de 950 cratères d’obus dans les rues et les champs avoisinant Bab Amr : pour un peu plus de trois semaines de combats intenses, cela fait à peu près 30 tirs de mortier ou de canon par jour, ça n’est ni Stalingrad ni Verdun.
Autre agent objectif d’influence américaine, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a déclaré disposer d’ »informations macabres » en provenance de Homs, où les forces de sécurité se livreraient à des exécutions sommaires et à la torture. Très en verve, l’homme qui a laissé l’OTAN dévaster la Libye et Israël pilonner Gaza, a qualifié l’assaut de l’armée syrienne sur Bab Amr d’ »atroce » et de « scandaleux » : où l’on voit qu’une fois de plus, les « informations macabres » de Ban Ki-moon dégagent un entêtant parfum d’OSDH et de cyber-opposition syrienne.
La télévision syrienne a effectué des reportages sur Bab Amr, recueillant des témoignages d’habitants évidemment anti-ASL. « Si on sortait de chez soi, on prenait le risque d’être enlevé ou assassiné. Alors nous avons demandé à l’armée d’intervenir pour nous libérer des bandes de terroristes » déclare un des habitants du quartier : compte tenu de ce que ceux-ci ont dû vivre pendant des semaines dans la proximité immédiate de fanatiques armés, se situant résolument dans une logique jusqu’au-boutiste de guerre civile et de révolution, nous croyons à l’authenticité de ces témoignages.
Du reste, il ne faut pas oublier qu’une majorité des 50 000 habitants du quartier l’avaient fui. Par ailleurs Reuters indique que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont commencé à distribué dimanche de l’aide humanitaire – des vivres, du matériel sanitaire et des couvertures – dans les environs immédiats de Homs, où se sont réfugiés nombre d’habitants de Bab Amr. Notamment au village d’Abel (ou Abil), à trois kilomètres au sud de la périphérie de Homs. Samedi, Saleh Dabbakeh, porte-parole du CICR à Damas, a indiqué que les autorités syriennes avaient bien donné leur feu vert à l’entrée d’un premier convoi de secours à Bab Amr, mais que c’étaient les militaires qui le bloquaient pour des raisons de sécurité.
Le convoi du CICR finira par gagner Bab Amr, et la vie reprendra ses droits. Cela ne se fera évidemment pas en un jour, ce quartier de Homs ayant synthétisé de façon paroxystique ce que l’opposition radicale islamisante voulait et pouvait faire en Syrie, avec l’appui de l’étranger.